Eglises d'Asie

Une religieuse à la tête d’une équipe de soignants volontaires auprès des communautés rurales

Publié le 29/01/2021




Le 16 janvier dans la province de Dak Nong, dans le centre-sud du Vietnam, près de 400 villageois de l’ethnie M’Nong ont bénéficié de soins gratuits dans la paroisse de Tan Phuc, dans le district de Tuy Duc, près de la frontière cambodgienne. Une équipe volontaire de 34 médecins, infirmières et pharmaciens, dirigés par sœur Anna Pauline Ngo Thi Ngo, dominicaine et médecin, étaient présents pour assister les malades, des villageois qui vivent de l’agriculture et qui manquent de ressources pour se faire soigner. Sœur Ngo explique qu’elle rassemble des soignants tous les mois pour visiter les communautés éloignées.

Le 16 janvier, sœur Anna Pauline Ngo Thi Ngo examine Pierre Dieu Nong, dans la paroisse de Tan Phuc.

Plus de 400 patients, des villageois de l’ethnie M’Nong pour la plupart, ont bénéficié d’examens médicaux et de médicaments gratuits grâce dans la paroisse de Tan Phuc, dans le district de Tuy Duc, dans la province de Dak Nong (près de la frontière cambodgienne, dans le sud du pays). Près de 34 médecins, infirmiers et pharmaciens, venus de six hôpitaux publics d’Hô-Chi-Minh-Ville et de trois provinces voisines, se sont portés volontaires pour prendre soin des patients, durant les visites organisées le 16 janvier. Parmi les patients qui ont bénéficié de l’opération se trouvait Marie Thi Luc, une villageoise de l’ethnie M’Nong, qui souffre de douleurs à la colonne vertébrale, aux épaules et à la jambe droite, depuis un accident de la route survenu en 2017. Chaque fois qu’elle marche un peu, ne serait-ce que sur une trentaine de mètres, elle doit s’arrêter pour se reposer à cause de la douleur. Elle prend régulièrement des calmants que la paroisse lui donne pour l’aider à soulager la douleur.

Marie Thi Luc, mère de quatre enfants, âgée de 40 ans, travaille avec son mari. En plus de faire pousser du riz et du café, ils sont aussi employés à la journée afin d’améliorer leurs fins de mois. Ils manquent aussi parfois de nourriture. « Je n’aurais pas les moyens d’aller à l’hôpital pour me faire soigner », a-t-elle expliqué au médecin après lui avoir décrit ses douleurs. Elle ajoute qu’il lui a prescrit des médicaments et qu’il lui a montré quelles herbes médicinales elle pouvait utiliser pour la douleur. « Je suis vraiment heureuse de pouvoir bénéficier de rendez-vous médicaux gratuits. J’aimerais pouvoir être en bonne santé pour prendre soin de ma famille. » Pierre Dieu Non, qui cultive le café et qui souffre de douleurs articulaires, de douleurs au dos et d’hypertension, a également bénéficié de l’opération. Il achète habituellement des médicaments sans ordonnance dans une pharmacie. À 62 ans, il explique qu’il ne s’est jamais rendu dans l’hôpital le plus proche, pourtant situé à 35 km de chez lui. Il gagne seulement 20 millions de dongs (717 euros) par an, un salaire insuffisant pour subvenir aux besoins de sa famille. Durant les visites gratuites, le médecin lui a prescrit de nouveaux médicaments, pour remplacer un traitement qui n’était pas adapté. Il lui a également conseillé de manger sainement et d’utiliser des herbes médicinales.

Alimentation et automédication

Le Dr Joseph Nguyen Phi Hung, qui a participé aux visites médicales gratuites, explique que les villageois consomment trop de sel dans leur alimentation quotidienne, et que beaucoup d’entre eux souffrent d’hypertension. Il évoque notamment un plat populaire à base de feuilles de manioc et de piments mélangés, particulièrement salé. Beaucoup d’hommes ont également des problèmes avec l’alcool. Le médecin mentionne aussi une femme âgée de 91 ans, dont la tension systolique est dangereusement élevée. Il précise que beaucoup d’enfants ont également une tension trop élevée. Le Dr Joseph Nguyen Phi Hung, qui travaille dans l’hôpital de Binh Duong, signale que la population locale manque de connaissances basiques en matière de santé, et que beaucoup d’entre eux font de l’automédication, en faisant des erreurs sur les traitements et sur les doses administrées, ce qui entraîne parfois d’autres problèmes de santé. Le médecin neurologue, catholique, ajoute que la plupart des enfants qui ont profité des visites médicales gratuites souffrent de malnutrition. Les médecins volontaires ont conseillé aux patients de prendre des médicaments sur ordonnance et de faire attention à leur alimentation. « Il faut leur montrer les bons régimes alimentaires et la façon d’utiliser certaines herbes pour prendre soin de leur santé », confie le Dr Hung, qui ajoute que ces remèdes à base d’herbes médicinales sont faciles à trouver et qu’ils ne coûtent pratiquement rien.

Des visites mensuelles aux communautés éloignées

Sœur Anna Pauline Ngo Thi Ngo, religieuse dominicaine, qui dirigeait l’équipe de médecins volontaires, explique qu’ils ont offert des traitements gratuits aux patients souffrant de problèmes cardiaques, ophtalmologiques, rénaux, digestifs, ORL, hépatiques, neurologiques et articulaires. Les patients ont également pu bénéficier d’échographies et d’électrocardiogrammes gratuitement. Sœur Ngo, médecin, explique que des bienfaiteurs ont également donné des médicaments. Elle ajoute que six patients vont être opérés gratuitement de la cataracte. La religieuse, responsable du département santé de sa congrégation, précise qu’elle rassemble les soignants volontaires tous les mois afin d’offrir des examens médicaux gratuits aux habitants vivant dans les régions rurales éloignées. L’une des priorités de sa congrégation est d’apporter une aide pastorale ainsi qu’un soutien éducatif et sanitaire aux travailleurs migrants internes.

Le père Tran Thanh Truc, curé de Tan Phuc, confie que les paroissiens se sont réjouis de recevoir des soins gratuits et de voir des médecins leur offrir des médicaments gratuits pour la première fois. Seuls les personnes âgées, les femmes et les enfants ont pu bénéficier des examens gratuits. La paroisse compte 2 700 catholiques, dont 90 % de villageois de l’ethnie M’Nong. La majorité cultivent le riz, le manioc, la noix de cajou et le café, pour un salaire précaire en raison d’une terre peu fertile. Ils manquent de moyens pour payer les frais de scolarité et de santé. « J’espère qu’ils s’intéresseront aux remèdes naturels et qu’ils sauront mieux se soigner », confie le prêtre, qui précise que les herbes médicinales ne manquent pas dans les champs et les forêts alentour. Le Vietnam compte plus de 100 000 habitants issus de l’ethnie M’Nong, majoritairement dans les provinces de Binh Phuoc, de Dak Lak, de Dak Nong, de Lam Dong et de Quang Nam, dans les montagnes du centre du Vietnam. Ils font partie des quelque 54 groupes ethniques que compte le pays d’Asie du Sud-Est.

(Avec Ucanews, Dak Nong)


CRÉDITS

Ucanews