Eglises d'Asie

Le dalaï lama a annoncé qu’il avait perdu tout espoir de négociation avec la Chine sur la question de l’autonomie du Tibet

Publié le 18/03/2010




Le 25 octobre dernier, depuis Dharamsala en Inde (1), le dalaï lama a, pour la première fois, exprimé son découragement vis-à-vis du gouvernement chinois : « J’ai sincèrement poursuivi, depuis longtemps, mon approche de la ‘voie médiane’ en ce qui concerne les rapports avec la Chine mais cela n’a donné lieu à aucune réponse positive de la part des Chinois. En ce qui me concerne, j’abandonne. »
Ces propos, relayés par ses proches conseillers, repris par les médias indiens et les agences de presse, confirment les difficultés grandissantes entre les autorités de Pékin et le chef spirituel bouddhiste, exacerbées par les violences qui ont eu lieu au Tibet au printemps dernier et par les critiques essuyées par le gouvernement chinois de la part de la communauté internationale lors des Jeux olympiques. Des difficultés confirmées par l’échec de la troisième rencontre en un an des émissaires du dalaï lama et des autorités chinoises. Le 10 novembre à Pékin, le département du Front uni, chargé par Pékin de mener les pourparlers avec les envoyés tibétains, a tenu une conférence de presse pour dire « l’échec » de la rencontre et rejeter l’entière responsabilité du « manque de progrès » sur les envoyés du dalai lama. Déjà en juillet dernier, lors de la précédente entrevue, il était clairement apparu que « le gouvernement chinois ne souhaitait tout simplement pas régler la question », déclarait alors un proche conseiller du chef spirituel tibétain. Cette fois-ci, le désaccord entre les deux parties a été clairement exprimé : la revendication des négociateurs tibétains pour « une autonomie réelle » des « zones de peuplement tibétain » est traduite par la partie chinoise comme une revendication à « une indépendance sous une forme déguisée ». Toute négociation dépassant la seule Région autonome du Tibet et englobant les districts tibétains des provinces voisines du Qinghai, du Sichuan, du Gansu et du Yunnan est exclue par Pékin. Le dalaï lama, âgé aujourd’hui de 73 ans, considère qu’il ne peut plus poursuivre ces négociations « sans espoir », qui ont commencé avec Pékin en 2002. Il réunira la communauté tibétaine en exil du 17 au 22 novembre, à Dharamsala, afin de discuter de l’avenir et d’un éventuel changement de politique envers le gouvernement chinois. Tenzin Taklha, son plus proche conseiller, l’a confirmé à l’AFP avant même l’échec des pourparlers de novembre : « Du fait de l’absence de réponse des Chinois, nous devons être réalistes, il n’y a pas d’espoir. Mais le mouvement tibétain restera non violent. C’est une dimension non négociable sur laquelle tout le monde est d’accord. » En réponse à la déclaration du chef spirituel tibétain qui révèle un changement radical d’attitude, le gouvernement chinois a sobrement annoncé, le 29 octobre, qu’il mènerait des pourparlers avec les représentants du dalaï lama « dans un avenir proche. » En effet, alors que dans la région tibétaine annexée par la Chine en 1951, la répression continue, la déclaration du chef religieux bouddhiste risque de mettre à nouveau le feu aux poudres. Pour de nombreux Tibétains, l’aveu par le dalaï lama de l’échec de sa stratégie de médiation pourrait sous-entendre qu’il n’envisage plus de demander l’autonomie du Tibet mais son indépendance.