Eglises d'Asie

Comment ne pas devenir un “tigre économique”

Publié le 18/03/2010




Le 2 juillet, à Manille, se déroulait l’Assemblée générale d’un groupe de réflexion comprenant évêques et hommes d’affaires sur le thème du développement. A cette occasion, l’ambassadeur des Philippines au Vatican a demandé aux participants de veiller à ne pas transformer le pays en un autre “tigre économique”.

D’après lui, les nations économiquement avancées d’Asie souffrent de désordres internes et de délabrement moral: “Les évêques japonais ont récemment expliqué au pape que le progrès économique de leur pays a provoqué une destruction des forces morales. C’est la même chose à Taiwan. En Thailande, l’essor touristique a provoqué la propagation du Sida dans des proportions épidémiques, puisque 10% des 200 000 prostituées sont atteintes par le virus. Hongkong cherche son âme. Ailleurs, ce sont les militaires qui commandent. Allons-nous prendre modèle sur tous ces pays ? Voulons-nous devenir cette sorte de “tigre asiatique” ?”

L’ambassadeur ne se contente pas d’avertir ou de critiquer. Il émet des idées positives pour l’amélioration de l’économie des Philippines. Il propose, par exemple, la création d’un “corps de volontaires” qui aiderait à transmettre aux petits commerces et à la communauté dans son ensemble les connaissances et l’expérience acquises dans le domaine des affaires. Il se fait aussi l’avocat, entre autres, d’une réévaluation des salaires et d’une restructuration du système de promotion dans les entreprises. Il est favorable aux coopératives ainsi qu’à une nouvelle division du travail avec les compagnies de sous-traitance. Il considère indispensable de combattre la corruption dans le secteur privé, ainsi que la contrebande et la fraude fiscale. Il aimerait enfin que la pratique des affaires devienne une occasion de formation aux valeurs morales, culturelles, familiales, et que l’on encourage les efforts du gouvernement pour un nouvel ordre économique.

Les milieux d’affaires ont souvent été accusés, aux Philippines, d’être les principaux obstacles à la paix, à la justice et au développement du pays.