Décision a été prise, en effet, d’imposer le konkani, langue officielle de l’Etat, comme langue véhiculaire dans toutes les écoles primaires qui, jusqu’à présent, utilisaient l’anglais – une politique, dont la mise en oeuvre commencée avec la rentrée, doit couvrir une période de quatre ans. Quelque 200 écoles de langue anglaise se voient supprimer les subventions gouvernementales.
Cette décision survient alors que, dans plusieurs Etats du nord de l’Inde, on assiste à un véritable phénomène de rejet vis-à-vis de l’anglais, “langue étrangère”. Il semble que le premier ministre, catholique, de Goa, ait subi des pressions de la part de ses partenaires au sein de la coalition gouvernementale.
Les écoles catholiques ne refusent pas d’obtempérer aux ordres. “Nous aimons le konkani plus que le gouvernementdit le P. Avinash Rebello, secrétaire diocésain pour l’éducation. “Nous désirons que notre langue maternelle soit la langue de nos écolesMais il faut du temps pour former les enseignants et se procurer les manuels nécessaires. L’Association diocésaine a demandé au gouvernement une aide financière pour la nouvelle année scolaire: elle a essuyé un refus assorti d’une menace de nationalisation des écoles catholiques, au cas où les autorités ecclésiastiques décideraient de les fermer. A la suite de quoi, un ultimatum a été lancé au gouvernement, auquel on donne un mois pour prendre en considération la requête qui lui a été faite de retarder d’un an la mise en oeuvre de sa nouvelle politique scolaire.
La crainte des responsables catholiques est que cette nouvelle politique ne favorise les écoles de langue marathi. Celle-ci est la langue officielle de l’Etat voisin du Maharashtra dont la capitale est Bombay.
Sur les 1 243 écoles primaires de Goa, 800 utilisent le marathi avec 63 091 élèves. La plupart des autres écoles se servent de l’anglais pour 45 560 élèves. Il n’existe à Goa que six écoles utilisant le konkani, avec seulement 257 enfants. Certains craignent que si le gouvernement force les écoles à passer au konkani, beaucoup de parents ne préfèrent que leurs enfants étudient dans la langue du Maharashtra voisin, plus important.
Presque toute la population goanaise (95%) parle le konkani. Mais cette langue ne possède pas d’écriture propre, contrairement à la plupart des autres langues importantes de l’Inde. Les chrétiens utilisent la transcription romaine, les autres un dérivé de l’écriture sanskrite. Le konkani est parlé aussi en dehors de l’Etat de Goa, par une partie importante de la population dans les districts du nord et sud-Kanara. Chrétiens et hindous de langue konkani y vivent très proches les uns des autres et utilisent la transcription kanara.
Finalement, le 2 juillet, le gouvernement de Goa a annoncé que l’application de sa nouvelle politique linguistique était repoussée à l’année prochaine, évitant ainsi un affrontement direct avec l’Eglise.