Eglises d'Asie

Les chrétiens et le dieu Rama

Publié le 18/03/2010




Plusieurs leaders catholiques ont joint leurs voix à celles d’autres personnalités indiennes pour dénoncer la déclaration faite récemment par le secrétaire général du Conseil mondial hindou (6). A l’issue d’une réunion qui s’est tenue, le 24 juin, dans le nord du pays, cette organisation a, en effet, décidé de commencer la construction d’un nouveau temple à Ayodhia, dans l’Etat d’Uttar Pradesh. Les travaux devraient débuter le 30 octobre 1990. Et, selon les termes mêmes de la déclaration finale, « il n’est pas question de négocier ni la date ni l’emplacement du temple ». Ce qui risque de mener à une confrontation directe avec le gouvernement ainsi qu’avec les musulmans.

C’est l’épisode le plus récent d’un affrontement qui dure depuis plusieurs années entre hindous et musulmans, à propos d’une mosquée, datant du 16ème siècle, et qui aurait été bâtie sur l’emplacement d’un temple hindou élevé à cet endroit pour marquer le lieu supposé de la naissance de Rama, héros divinisé de la grande épopée hindoue, le Ramayana. Le temple aurait, à l’époque, été détruit sur l’ordre du souverain musulman Babar. Le conflit a déjà causé un millier de morts à travers l’Inde.

Apprenant la décision des leaders hindous, le P. Thomas Joseph, secrétaire de la commission « Travail » de la Conférence épiscopale, commente: « La religion est faite pour rassembler. Malheureusement, on l’utilise pour diviser, à des fins politiques. Quoi qu’il en soit du passé, la discorde actuelle ne peut être d’aucun avantage pour le pays. Tout ce qui nuit aux relations entre personnes devrait être considéré comme antireligieux ».

De son côté, le P. Thomas Kunnunkal SJ, membre du Comité pour l’harmonie entre communautés, à New-Delhi, exprime l’espoir que les opposants parviendront à s’entendre. Sinon, dit-il, « il faudra bien qu’un tribunal décide ».

Le gouvernement provincial a, de fait, porté l’affaire devant la Haute-cour de l’Etat d’Uttar Pradesh. Mais M. Ashok Singhai, secrétaire général du Conseil mondial hindou, refuse de reconnaître la compétence du tribunal en la matière. Et l’Union indienne de la ligue musulmane, un parti politique, exclut toute conversation sur le sujet, car, expliquent ses représentants, en fixant une date pour le début de la construction, le Conseil mondial hindou a fermé la porte au dialogue.