Le rassemblement était organisé à la suite d’un jugement prononcé quelques jours auparavant, par la Haute-cour de l’Etat du Kerala, et défavorable au Patriarche. Le juge devait trancher une querelle qui, depuis de nombreuses années, oppose deux factions de l’Eglise syro-malankara: la partie “jacobite” et la partie “malankara-orthodoxe”. Quelque 400 procès opposent les deux groupes devant les tribunaux civils, le fond de la question étant l’autorité du Patriarche d’Antioche. En 1959, un jugement de la Cour suprême avait temporairement calmé les esprits. Mais les querelles se sont ranimées à propos de points de détail.
Les premiers chrétiens du Kerala, qui sont connus sous le nom de “chrétiens de St Thomas”, suivaient la liturgie syriaque: d’où le nom de “Syriens” donné à ces chrétiens du sud de l’Inde. Lors de l’arrivée des Portugais, au 16ème siècle, ils renouvelèrent leur communion avec Rome, mais bientôt, réagissant contre la latinisation qu’on cherchait à leur imposer, une partie de ces chrétiens “syriens” se séparèrent pour se joindre finalement au Patriarche de l’Eglise jacobite d’Antioche qui leur envoya un premier évêque en 1665. En 1912, une nouvelle scission se produisait; une partie d’entre eux restait sous la jurisdiction du Patriarche d’Antioche tandis que les autres choisissaient comme leader, le “Catholicos d’Orient” résidant en Inde. En 1975, au cours du synode de Damas, le Patriarche d’Antioche déclarait le Catholicos hérétique et lui nommait un remplaçant.
Dans son jugement du 12 juin, la Haute-cour du Kerala a décidé: il n’existe qu’une seule Eglise syro-malankara, qui fait partie de l’Eglise orthodoxe de Syrie, dont le Patriarche d’Antioche est le chef spirituel à l’échelon mondial. Le Catholicos d’Orient est le responsable de l’Eglise syro-malankara: il est légitimement établi au Malankara (Kerala). Le Patriarche d’Antioche n’a donc aucun pouvoir temporel au Malankara.
De plus, les partisans de celui-ci avaient, en 1934, accepté la constitution de l’Association malankara. Ils ne peuvent, maintenant, revenir sur leur décision, dit le juge qui ajoute: les métropolitains ordonnés par le Patriarche au mépris de l’autorité du Catholicos, ne peuvent être légalement reconnus. Le jugement décide enfin que les propriétés des paroisses ne peuvent être administrées que par les conseils paroissiaux et non par les diocèses.