Eglises d'Asie

Empreintes digitales: « une brèche dans un mur épais »

Publié le 18/03/2010




Le P. Constant Louis des Missions Etrangères de Paris a obtenu gain de cause dans un procès qu’il avait intenté au gouvernement japonais. Refusant, par solidarité avec les résidents coréens, de donner ses empreintes digitales – mesure jugée discriminatoire mais rendue obligatoire par la loi de 1952 sur les étrangers – il était l’objet, depuis 1986, d’une mesure administrative: on lui refusait son visa de retour au Japon, et s’il quittait le pays, il perdait automatiquement sa carte de séjour… Ainsi, il n’avait pu revenir en France à l’occasion du décès de sa mère.

Il avait donc intenté un procès au gouvernement pour abus de pouvoir. L’affaire devait se terminer au mois d’octobre 1990. A la séance du 20 juillet 1990, le juge a finalement annoncé que les deux parties avaient accepté un arrangement à l’amiable qui, sur les points essentiels, donne raison au prêtre français: un visa de retour est accordé à celui-ci sur la demande qu’il en avait faite en 1986 et la décision administrative qui lui avait été opposée à ce moment là est donc annulée. En contrepartie, le P. Louis renonce aux dommages et intérêts, d’ailleurs minimes, qu’il avait demandés.

Depuis de nombreuses années, une campagne est menée par des groupes d’action sociale auxquels participent de nombreux chrétiens et des missionnaires étrangers (5) dans le but de dénoncer l’obligation humiliante faite aux étrangers d’apposer leurs empreintes digitales afin d’obtenir leur permis de séjour. 90% des étrangers résidant au Japon sont Coréens ou Chinois. Une bonne partie d’entre eux sont nés au Japon. Un rapport récent publié à Tokyo par le Conseil mondial des Eglises et la Conférence chrétienne d’Asie affirme que les droits fondamentaux des minorités asiatiques au Japon ne sont pas respectés et qu’« une discrimination institutionnalisée » existe dans tous les domaines de la vie quotidienne. Le 12 juillet, Mgr Soma, évêque catholique de Nagoya et président de la Commission « Justice et paix », s’est, lui aussi, vigoureusement élevé contre ce qu’il appelle « la totale absence d’attention aux droits de l’homme » du gouvernement japonais et de sa politique vis-à-vis des étudiants chinois, réfugiés au Japon pour échapper à la répression, qui risquent d’être renvoyés chez eux comme « réfugiés économiques ». Mgr Soma a encore ajouté: « Le Japon sacrifie les principes d’amour et de justice à la promotion des intérêts nationaux. Les politiciens japonais prennent prétexte de l’intérêt national pour se remplir les poches eux-mêmes ».

Il est possible que la récente décision de justice concernant le P. Constant Louis puisse constituer un précédent qui sera utile à tous ceux qui refusent l’obligation faite aux étrangers, par la loi de 1952, de donner leurs empreintes digitales.