Différentes institutions sont par ailleurs alertées et mettent au point des programmes destinés à combler le retard de l’Inde sur ce plan. Ainsi au Bihar, l’un des Etats où le taux d’analphabétisme est le plus élevé – 65% contre une moyenne légèrement inférieure à 50% dans le reste du pays (7) – une Association pour la Défense des opprimés, qui compte quelque 30 000 membres dans l’Etat, a lancé dès le début de mars 1990 une vaste campagne qui a reçu l’appui du gouvernement local. Il est fait appel à toutes les personnes instruites pour que chacune prenne en charge un analphabète et l’alphabétise au cours de cette année. « Même si 25% seulement des gens cultivés relèvent le défi, il suffira de cinq ans pour que le Bihar entier connaisse l’abécédaireremarque le P. Jose Kananaikal, directeur de l’Association. Celle-ci envoie par ailleurs une centaine de volontaires faire du démarchage dans les 350 villages où elle a des antennes.
L’Association pour la Défense des opprimés, fondée en 1982 par une quinzaine de bénévoles, dispose actuellement de sept centres régionaux dans cinq districts de l’Etat, avec un bureau à Delhi. L’une de ses ambitions est de mettre fin à l’intouchabilité sous toutes ses formes, de rendre les défavorisés capables de profiter des avantages que leur réservent les autorités pour leur développement, en éveillant leur conscience politique et en les équipant pour se défendre contre l’injustice et l’exploitation. Elle participe, avec une centaine d’autres organisations non gouvernementales, au plan quinquennal pour l’éducation au Bihar, soutenu par l’Unicef. Le plan vise à améliorer le statut des groupes les moins émancipés, tels que les femmes, les basses castes et les communautés tribales. On note par exemple que pour les 23 castes qui, dans l’Etat, ont droit aux facilités prévues par la loi, le taux d’alphabétisation est globalement de 10,4%; il tombe à 2,5% si l’on ne prend en considération que les femmes du même milieu.
Au Kerala également, Etat où la scolarisation est assez forte, le gouvernement a mis sur pied, le 1er juin 1990, un programme prévoyant une alphabétisation à 100% pour la fin de l’année. L’Eglise tient à y prendre part, « officiellement » même en certains cas. C’est ainsi que, dans une circulaire du 22 juin lue dans toutes les églises et institutions religieuses de son diocèse le dimanche 8 juillet, Mgr Jacob Thoomkuzhi, évêque de Mananthavadi, a invité tous les fidèles, et en particulier les prêtres et les religieuses, à collaborer activement aux initiatives prises en ce domaine par les autorités locales. Le service social diocésain leur donnera l’exemple « pour maintenir la noble tradition de l’Eglise dans le champ de l’éducationIl faut battre le rappel, dit l’évêque, des maîtres d’école, des membres de toutes les associations catholiques, et en général de tous ceux qui ont été scolarisés, pour venir en aide « aux masses illettrées qui sont dupées et empêchées de bénéficier du progrès de la société. La présente campagne d’alphabétisation est pour nous une occasion de choix pour proclamer notre solidarité avec elles: participer à cette opération relève de notre responsabilité de chrétiensa-t-il souligné.