Eglises d'Asie

Projets et soucis de l’administrateur apostolique

Publié le 18/03/2010




Mgr Carlos Felipe Ximenes Belo, administrateur apostolique de Dili, était présent à l’Assemblée générale de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie qui s’est tenue dans le courant du mois de juillet en Indonésie (15). Il a accepté de répondre aux questions que la presse lui a posées sur son diocèse dont on connaît la situation particulière (16).

Il a annoncé par exemple qu’en septembre 1990 débuteraient, pour une durée d’un an, les célébrations du jubilé d’or de sa circonscription ecclésiastique: elles seront orientées vers l’intensification du travail commencé en 1987 pour impliquer davantage les laïcs dans les activités d’Eglise (17). Ils doivent toujours davantage “se comporter en témoins du Christ, comme étant sel et lumière du mondea-t-il dit, signalant en passant que 115 futurs agents pastoraux achèvent leur dernière année d’études à l’institut pastoral de Dili, sans compter les instituteurs qui sont en formation à l’école normale de Baucau, à l’est du territoire.

Marquant sa satisfaction à propos de l’accroissement du nombre des vocations sacerdotales – 75 séminaristes au petit séminaire de Lesidere, dans la banlieue de sa ville épiscopale – ou religieuses, tant féminines que masculines, il indiqua que, depuis 1980, l’état de guerre civile ayant perdu de son acuité, “nous avons été en mesure à nouveau de développer l’EgliseLes conversions d’animistes se sont faites plus nombreuses en raison de l’insistance des autorités indonésiennes pour qu’ils se fassent inscrire sur les registres d’une des cinq religions reconnues : catholicisme, protestantisme, islam, bouddhisme et hindouisme. Sur une population évaluée à 666 500 habitants, les statistiques de Jakarta pour Timor Oriental indiquaient en 1989 les pourcentages suivants : 92 catholiques pour 4 protestants, 2 musulmans, 1,7 bouddhistes et 0,2 hindous. Il a remarqué que l’islamisation de la région prenait des proportions inquiétantes. Les musulmans s’y installent pour y exercer toutes sortes de professions, que ses diocésains, “pour la plupart inéduqués et traditionalistesne peuvent pas encore maîtriser. Il ajoute que “nous, l’Eglise, ne sommes pas prêts à affronter cette réalitéIl voit un aspect positif au pluralisme religieux en ce que les catholiques pourraient s’en trouver motivés pour approfondir leur foi et sortir de leur torpeur.

L’évêque a énuméré un certain nombre de points qui figurent au programme de l’année jubilaire, du 4 septembre 1990 au 4 septembre 1991, mettant spécialement en évidence un congrès réservé aux femmes, du 14 au 18 janvier prochain, et une assemblée ouverte à tous les laïcs au mois de juin suivant.

Se référant à la réunion à laquelle il participait à Lembang, près de Bandung, qui traitait des “défis posés à l’Eglise en Asie”, Mgr Belo s’est exprimé sur ceux auxquels son Eglise locale devait se préparer à répondre, au premier rang desquels il place ce qu’il appelle la “modernisationqui a brusquement fait son entrée dans une société jusque là fermée au monde extérieur, quand fut mise en application, au 1er janvier 1989, la politique d'”ouverture” dont l’un des buts est de mettre les Timorais de l’est “sur un pied d’égalité avec les autres Indonésiens” (18). Cela ne se fait pas sans affecter des valeurs considérées jusque là comme immuables par les habitants dans différents domaines : famille, justice, vie sociale, religion.

Au point de vue religieux cependant, la libre circulation des personnes n’est pas toujours aussi réelle qu’on le voudrait, a signalé l’évêque : toutes dispositions avaient été prises pour engager une quarantaine d’instituteurs formés par les PP. jésuites à Yogyakarta, mais “aucun n’est arrivé parce que les documents relatifs à leur nomination ont été égarés à Dili” ; par contre, il semble n’y avoir pas de problème de ce genre pour les instituteurs musulmans. Et l’évêque de conclure: “Je pense donc qu’il y a là quelque chose qui ne va pas !”