Mr Alex Magon, spécialiste en sciences politiques, a insisté sur le fait que la conférence cherchait à créer une solidarité nationale décrite comme “le sentiment de partager un sort commun, sentiment auquel nous ne pourrons pas parvenir en tant que communauté, si nous n’arrivons pas d’abord à une unité de vision et d’action”. Il a de plus demandé à l’Eglise catholique d’aider à un dialogue national pour la paix. L’Eglise, dit-il, devrait offrir ses services à toutes les forces politiques, armées ou non armées, afin qu’elles puissent se parler comme des êtres humains : “les paroisses pourraient, dans un effort organisé, établir mille lieux de paix à travers l’archipel : des lieux où l’on ne demanderait à personne de renoncer à ses principes, mais où, par principe, on chercherait à comprendre l’autre
En plus de l’insurrection communiste, les Philippines doivent se défendre aussi contre les menaces musulmanes de sécession et l’agitation toujours latente dans l’armée nationale.
Et pourtant, en dépit de tous les conflits, les espoirs de paix semblent avoir augmenté. D’après Mgr Claver directeur de la NASSA, agence de la conférence épiscopale pour l’aide sociale, plus de 20 000 groupes et organisations non gouvernementales luttent “en silence et souvent sans qu’on les voitcontre la pauvreté et le sous-développement.
Au début du mois d’août, une réunion a eu lieu entre des responsables importants de la rebellion communiste et des hauts-fonctionnaires : au dire des participants, cette réunion a montré que, depuis un an, les chances de paix avec les communistes ont augmenté. D’après certaines sources, le Front démocratique national, qui rassemble le Parti communiste et l’Armée du Peuple nouveau, s’est déclaré favorable à des négociations sérieuses, en vue d’une paix durable, avec le gouvernement. Le Front désire aller au fond des problèmes et dialoguer sur les racines mêmes du conflit, y compris sur la question des bases américaines et la réforme agraire.
Les orateurs de la réunion de Tagaytay ont insisté sur la nécessité de résoudre les problèmes sociaux et économiques qui sont à l’origine de l’insurrection, si l’on désire vraiment établir la paix. Les militaires, cependant, ne se prononcent pas sur un éventuel cessez-le-feu. Celui-ci, d’après le général Templo, ne pourrait profiter qu’aux insurgés en leur permettant de refaire leurs forces et de relancer leur propagande.
De son côté, le gouverneur de Negros occidental a nommé Mgr Fortich, ancien évêque de Bacolod, président du “Comité pour la paix”, qu’il vient de fonder. L’évêque a, le 19 août, lancé un appel aux rebelles communistes de la province, les invitant à former leur propre délégation et à fixer un lieu pour une première réunion.