Eglises d'Asie

L’église et l’exploitation des forêts (7)

Publié le 18/03/2010




Les paroissiens de Gabaldon, une petite ville située dans le centre de l’île de Luçon, ont récemment formé une barricade humaine, dans le but d’arrêter les camions chargés d’arbres abattus dans la région. L’un des protestataires a été blessé.

Ce sont 30 à 40 chargements qui descendent chaque jour de la montagne. La déforestation, qui se poursuit à grande allure, a provoqué de nombreux glissements de terrain et des inondations, qui ont, à leur tour, entraîné la disparition de fermes entières, champs et habitations, ainsi que des routes.

Le 16 juillet, le jour même où un tremblement de terre tuait 1 500 personnes dans la région, Mgr Sofio Balce, évêque coadjuteur de Cabanatuan, signait avec ses prêtres une déclaration dans laquelle il demandait au gouvernement d’ordonner l’arrêt immédiat des abattages d’arbres. Ils posaient la question : “Allons-nous faire quelque chose tout de suite ? Ou bien allons-nous laisser derrière nous une région rendue complètement stérile ?”

Deux projets de loi ont été déposés devant le Sénat. L’un demande que soit limité le nombre des compagnies autorisées à abattre des arbres et que soient bien précisées les régions où elles pourront le faire. L’autre projet de loi insiste pour que l’abattage soit totalement interdit aux compagnies et que l’exploitation des forêts soit confiée à la population locale. Celle-ci serait en même temps responsable du reboisement.

Par ailleurs, dans le sud de Mindanao, les paroisses catholiques ont pris la tête d’un combat pour la protection des forêts dans leur région. Prêtres et laïcs s’unissent pour faire des barrages sur les routes.

A la fin de la seconde guerre mondiale, les forêts couvraient quelque 15 millions d’hectares à travers l’archipel des Philippines : il en reste moins d’un million.

Le P.Edwin Beley, curé de Gabaldon, devant les haines et les divisions que son action provoque, s’excuse : “Je devrais unir. Mais si nous n’agissons pas, les choses ne feront qu’empirer. Au moins la prochaine génération verra que nous avons essayé de faire quelque chose”. Il n’est pas très rassuré : “Je ne suis pas brave, dit-il. J’ai peur de ce qui peut nous arriver si nous continuons à protester”. Mais il ajoute que les 38 diocèses de l’île de Luçon ont tous exprimé leur soutien à l’action menée à Cabanatuan.