Eglises d'Asie

A quand la paix ?

Publié le 18/03/2010




La question d’un éventuel cessez-le-feu avec les rebelles communistes n’est décidement pas simple.

A l’issue de conversations qui avaient réuni représentants du gouvernement et membres d’organisations non gouvernementales (8), Mme Aquino avait décidé de répondre favorablement à la proposition d’un cessez-le-feu émise par le Front démocratique national (FDN). Le 12 septembre 1990, elle ordonnait donc la “cessation des hostilités” contre les guérillas communistes à Manille et dans les parties de l’île de Luçon affectées par le tremblement de terre du 16 juillet.

Le 19 septembre, il était décidé de mettre sur pied des commissions de contrôle chargées de surveiller l’application du cessez-le-feu dans les régions indiquées. La population serait consultée ; puis, dans chaque municipalité concernée, un responsable serait désigné pour ce rôle, en compagnie d’un représentant des organisations non gouvernementales, ecclésiales ou non.

Le 18 septembre, M. Jose-Maria Sison, fondateur du Parti communiste et de l’Armée du peuple nouveau, s’était dit prêt à signer un accord, même limité, avec le gouvernement. Il avait laissé entendre que, si l’on y parvenait, le Parti communiste philippin pourrait participer aux élections de 1992 : “Les communistes sont toujours prêts à s’unir aux forces patriotiques et progressistes, dans le but de faire avancer la démocratie”, avait-il dit. Il mettait cependant des conditions sévères à ces négotiations, en particulier que les bases américaines soient immédiatement démantelées.

On prévoyait bien des obstacles de ce genre sur le chemin vers la paix. Mais, disait Mgr Claver, “que le gouvernement puisse parler de trêve, c’est déjà quelque chose; voyons jusqu’où il ira”. Et, faisant allusion aux différentes réunions qui avaient permis le début d’un dialogue, il ajoutait : “Il y a du nouveau : nous ne demandons plus au gouvernement et au FDN de se mettre d’accord. Ce que nous leur demandons, c’est d’accéder au désir exprimé par le peuple”.

Seulement voilà : la crise du golfe a mis le gouvernement dans l’obligation d’augmenter les prix de l’essence et autres produits pétroliers. Le 24 septembre, des manifestations violentes se sont déroulées dans les rues de Manille. Le chef local de l’Armée du peuple nouveau, prenant prétexte de cette augmentation des prix et des excès de la police, a dénoncé l’accord de cessez-le-feu et ordonné à ses troupes d’intensifier leur lutte contre le gouvernement.

Pendant ce temps à Davao, dans l’île de Mindanao, une cinquantaine de religieuses et de prêtres catholiques se préparaient à participer aux manifestations d’hostilité à l’égard des autorités. Dans la ville de Quezon, près de Manille, un groupe d’action oecuménique dénonçait aussi l’incapacité des dirigeants à gérer la crise : “Nous ne pouvons pas, dit-il, faire confiance à ce gouvernement. Il est incapable de satisfaire même les besoins les plus élémentaires de la population… La solution de cette crise dépendra de l’unité du peuple”.

La paix semble encore bien loin.