Eglises d'Asie

Loi sur les religions: consultation populaire restreinte

Publié le 18/03/2010




Un comité gouvernemental s’est réuni les 20 et 21 septembre pour discuter des observations et critiques provenant de divers secteurs de la population à propos du projet de loi sur “le maintien de l’harmonie religieuse” (10). Sur les 79 propositions écrites, soumises auparavant par diverses organisations, associations, ou personnalités, 9 seulement ont été retenues et leurs auteurs appelés à s’exprimer devant le comité. Il n’est donc pas surprenant que la majorité des intervenants (7 sur 9) se soit montrée favorable au projet gouvernemental. Les représentants musulmans et hindous, en particulier, se sont montrés satisfaits de ce que la loi interdise le prosélytisme agressif de certains groupes religieux. Le président du Conseil national des Eglises protestantes n’a, lui non plus, rien trouvé à redire. Finalement, les seules critiques un peu pointues furent exprimées par un groupe protestant; elles portaient sur la mise à l’écart du pouvoir judiciaire et l’absence de tout contrôle extérieur dans l’application de la loi par le ministre de l’Intérieur: celui-ci se voit en effet octroyer un pouvoir arbitraire quasi absolu dans ce domaine.

Les catholiques, individuellement ou en groupe, étaient notoirement absents de la consultation.

Rappelons qu’un “livre blanc” avait été publié au début de l’année 1990 pour présenter le texte de loi et expliquer la position du gouvernement. L’archevêque catholique de Singapour avait alors exprimé de sérieuses réserves sur le projet, critiquant en particulier la définition donnée par le gouvernement de la séparation du politique et du religieux, rappelant le devoir de l’Eglise d’intervenir dans le domaine de la morale tant individuelle que sociale, et s’inquiétant d’éventuels abus dans l’application de la loi (11). En apparence, le projet gouvernemental vise à maintenir l’harmonie entre les diverses religions, mais, en fait, le gouvernement s’arroge un droit de regard que beaucoup jugent exorbitant sur les options théologiques et la prédication des prêtres. Il a sans doute peur que, comme dans d’autres pays d’Asie, les Eglises puissent créer des espaces de liberté, de réflexion, et éventuellement de contestation, hors du contrôle gouvernemental.

Le texte du gouvernement a maintenant franchi – sans peine – le dernier obstacle encore sur sa route: la loi devrait donc devenir effective dès la prochaine réunion du parlement où le gouvernement dispose d’une majorité écrasante.