Eglises d'Asie

Le deuxième Congrès du Comité d’union des catholiques patriotes

Publié le 18/03/2010




Le mardi 10 octobre 1990, s’est ouvert à Hanoï le 2ème Congrès des représentants des catholiques patriotes. Les médias officiels ont fait une large publicité à cet événement (30) et les autorités ont, semble-t-il, accordé une grande attention au déroulement de ses travaux. En effet, le premier jour du Congrès, après le discours d’ouverture du vieux président du mouvement, le P. Vo Thanh Trinh, c’est M. Le Quang Dao, vice-président du Conseil d’Etat, président de l’Assemblée nationale, qui a pris la parole pour souligner la part très importante prise par le Comité d’union dans l’édification de la patrie, et l’inviter à participer encore davantage à l’oeuvre de rénovation nationale. Le lendemain, la plus haute personnalité du régime, le secrétaire général M. Nguyen Van Linh, rencontrait les participants du Congrès, au nombre de 300 selon Radio Hanoi.

Le contenu des interventions et les résultats des travaux du Congrès ne sont pas encore connus; on sait seulement que, selon la “Voix du Vietnam”, émission du 13 octobre 1990, dans ses résolutions finales, le Comité d’union a renouvelé sa confiance au Parti communiste vietnamien. On sait aussi que la préparation de ce Congrès a été difficile. Il aurait dû avoir lieu beaucoup plus tôt, il y a un an ou deux. En effet, selon l’article 6 des statuts votés au précédent Congrès de 1983, ce congrès devrait se réunir tous les 5 ans. Le P. Vuong Dinh Bich, premier vice-secrétaire de l’Association, dans une interview accordée au journal “Công Giao và Dân Tôc”(31), explique ce retard par ce qu’il appelle les “bouleversements de dimension internationale”, – sans doute la crise communiste mondiale – qui ont obligé toutes les institutions du pays à se remettre en question.

Si l’on en croit l’interview du Père Bich, ainsi qu’un certain nombre de déclarations de membres du Comité à Hô Chi Minh-Ville, celui-ci serait décidé à manifester une certaine volonté d’indépendance … Le Père Bich affirme, par exemple, que le Comité n’est ni une organisation d’Eglise, ni une organisation d’Etat. Il l’appelle une association populaire catholique. D’après lui, le Comité se tiendrait à mi-chemin entre l’Etat révolutionnaire et la hiérarchie de l’Eglise, et aurait pour vocation de faire le pont entre ces deux instances.

Si personne n’a jamais prétendu que le Comité d’union des catholiques patriotes était un organisme d’église, à commencer par le Comité lui-même, il est peu probable que les autres affirmations du vice-secrétaire du Comité fassent l’unanimité. Les autorités, depuis le début, ont toujours affirmé que toute critique contre le Comité affectait directement l’Etat . Et elles l’ont bien montré en deux occasions précises. Mgr Nguyen Kim Diên a subi des interrogatoires de plusieurs mois et a été, des années durant, assigné à résidence pour avoir interdit à ses prêtres de participer audit Comité. Plus récemment, le Père Chan Tin et M. Nguyen Ngoc Lan ont aussi, à leurs dépens, fait l’expérience des relations étroites existant entre le Comité et les autorités actuelles. Quant au rôle d’intermédiaire que le Père Vuong Dinh Bich aimerait voir jouer au Comité, il a été très sévèrement critiqué dans diverses lettres adressées par des prêtres et des laïcs à la hiérarchie vietnamienne.