Eglises d'Asie

Pastorale des migrants

Publié le 18/03/2010




Depuis de longues années, les déplacements de population – ou “transmigrations” – à l’intérieur du pays sont fortement encouragés par les autorités. Le gouvernement a, cette année encore, fait appel à toutes les instances religieuses pour l’aider à résoudre les problèmes que pose l’installation de ces nouvelles communautés dans les territoires qui leur sont attribués. C’est ainsi que le ministre des Transmigrations, M. Sugiarto, a demandé à un groupe d’oulémas d’envoyer des missionnaires volontaires. Il a invité également les responsables de l’Eglise catholique à se rendre dans ces territoires pour y donner toute l’assistance religieuse nécessaire aux migrants, et les motiver de façon à ce que leur “transmigration” soit effectivement un succès.

D’après le P. Piet Turang, directeur du “Bureau des transmigrations” dépendant de la Conférence épiscopale (18), ce sont les diocèses d’accueil qui ont la responsabilité des chrétiens ainsi déplacés. Mais certains, parfois, n’osent pas confesser leur foi et préfèrent garder l’anonymat. Une des réalisations de l’Eglise catholique fut l’ouverture, en 1989, d’un cours de formation pour assistants sociaux destinés aux régions d’immigration (19). Le gouvernement leur fournit ensuite des documents les reconnaissant comme agents pastoraux. Ils travaillent aujourd’hui dans 15 diocèses où de “nouvelles colonies” se sont constituées. Cela montre, remarque le P. Turang, que les autorités ont la volonté de couvrir les besoins tant spirituels que matériels des migrants.

C’est un point important dans la mesure où, isolés, des catholiques risqueraient de perdre leur foi chrétienne : c’est le cas particulièrement des Javanais, qui s’établissent au sud de Sumatra ou au Kalimantan occidental. Les organismes ecclésiaux d’aide aux migrants se bornent à les soutenir matériellement durant les 4 mois qui suivent leur installation, et laissent au clergé local le soin de les guider au point de vue religieux.

Les problèmes sont différents en certains endroits où une population attachée à la foi chrétienne se trouve progressivement submergée par un afflux de colons musulmans envoyés dans l’intention, plus ou moins avouée, de modifier la structure socio-religieuse d’une région. Tel est, d’après le P. salésien Rodolfo Cirol, le cas dans le diocèse de Padang, à Sumatra. Des fonctionnaires de cette région, assure-t-il, ont lancé un mouvement de migration vers les îles Mentawai, dont les 40 000 habitants se répartissent en 15 000 catholiques au nord, 10 000 protestants au sud, le reste étant formé de tribus animistes. Celles-ci sont une proie facile pour des “envahisseurs”. Systématiquement installés, avec l’aide des autorités de la province, dans les zones animistes, ils y inculquent les principes de l’islam tout en détruisant les traditions. Tôt au tard, craint le père, ces militants, après avoir islamisé les tribus, se tourneront vers les chrétiens (20).

Le P. Cirol se demande quelles mesures pourrait prendre la hiérarchie pour faire face à ce problème.