Eglises d'Asie

Réouverture de monastères

Publié le 18/03/2010




« Maintenant, tous les moines ont quitté le parti communiste », déclare un ancien lama qui a pu, à 79 ans, réintégrer son monastère après 60 ans d’interruption. A partir de 1944, une seule lamaserie avait été autorisée à fonctionner pour l’ensemble du pays : celle de Gandan, à Oulan-Bator, qui abrite 160 religieux. Ceux-ci mettent maintenant leur espoir dans les groupements prodémocratriques tout récents, qui défendent la liberté de religion.

Déjà, sous la pression populaire, le gouvernement avait promis, en mars 1990, de rouvrir au culte deux anciens monastères devenus musées d’Etat : deux des rares à subsister des 800 et quelques lamaseries d’avant la révolution, alors peuplées de plus de 100 000 moines, soit 40% de la population masculine. Beaucoup d’entre eux furent exécutés ou forcés d’abjurer lors de l’avènement du régime marxiste, déterminé à « libérer les masses de tout préjugé d’ordre religieux ». Il est vrai que le lamaïsme, depuis son introduction dans le pays 400 ans auparavant, représentait – ne fût ce que par l’importance de son clergé -une puissance politique et sociale avec laquelle il fallait compter.

Il semble que les autorités soient disposées à tenir leurs engagements, puisque dès le mois d’avril dernier, le plus ancien des monastères mongols, celui d’Erdene-dzun, était rendu au culte dans l’ancienne cité impériale de Karakorum. On peut s’attendre à voir prochainement celui de Choijin – autour duquel avait eu lieu la manifestation préludant au changement d’orientation de la politique religieuse (24) – réaménagé pour accueillir à nouveau des moines.

Un fait nouveau : à Moron, chef-lieu de la province septentrionale de Khovsgol, vient de s’établir une nouvelle lamaserie, là où autrefois il s’en trouvait une vingtaine, avec quelques milliers de moines. Extérieurement, rien ne distingue ce petit centre religieux à demi perdu dans cette ville de 20 000 habitants; rien sinon une bandelette de tissu rose flottant sur le toit d’une yourte en tout semblable à ses voisines. Ils ne sont encore que quelques moines : le plus âgé a 84 ans, et le plus jeune 19 ; ils mènent une vie communautaire dont ils s’efforcent de retrouver les formes anciennes, et la population les aide de ses aumônes encore assez chichement.

Les gens n’ont plus peur maintenant de se dire bouddhistes, mais ils ont perdu l’habitude de venir aux offices, et la plupart ont oublié leurs prières, ou n’ont jamais eu l’occasion de les apprendre, constate un des membres de la communauté : « Il faudra encore bien longtemps avant que le bouddhisme ne retrouve ici son efflorescence d’antan », dit-il, en déplorant qu’aucune relation n’ait encore été rétablie avec les instances religieuses bouddhiques des autres pays.

Dans l’ensemble, on n’imagine pas que l’actuel gouvernement en revienne aux positions antireligieuses de son prédécesseur : son libéralisme, bien qu’encore modéré, lui a fait gagner de nombreuses sympathies à l’extérieur, et lui assure une indiscutable popularité à l’intérieur.