Eglises d'Asie

Violations des droits de l’homme ?

Publié le 18/03/2010




Le ministre des Affaires étrangères du Bhoutan, M. Dawa Tshering, a profité d’une interview pour démentir les accusations portées contre les autorités du pays concernant des violations éventuelles des droits de l’homme.

Il répondait ainsi à la lettre qu’un groupe bhoutano-népalais avait adressée en août 1990 au roi Jigme Singye Wangchuk, le conjurant de faire cesser dans son royaume toutes violations des droits de l’homme, et de permettre à ses sujets, « qui élèvent la voix pour la liberté, l’égalité et la fraternité », de vivre en démocratie.

Le groupe en question rassemble des citoyens du Bhoutan qui vivent au Népal où ils assurent s’être réfugiés par crainte des persécutions, et des sympathisants népalais encore sur la lancée de la démocratisation récente de leur pays (1). Ils avaient organisé, le dimanche 26 août, une manifestation à Katmandou, pour protester contre les « méthodes impitoyables » utilisées par les pouvoirs publics vis-à-vis de tous ceux dont l’attitude ne se conforme pas à la politique gouvernementale dans le domaine profane aussi bien que religieux. Les 300 personnes qui ont pris part à cette manifestation ont déclaré souscrire au message destiné au souverain du pays voisin.

Ce sont surtout des citoyens bhoutanais d’origine népalaise – ils représentent environ 40% de la population, soit 520 000 à 550 000 personnes – qui se plaignent du « code de conduite » qui leur a été imposé depuis le mois d’août et qui bannit toutes coutumes étrangères, qu’il s’agisse de langue, d’habillement, de nourriture, de religion. Toute infraction est passible de 300 à 400 F d’amende ou d’un mois de prison. Depuis quelque temps déjà, la situation des Bhoutanais d’origine népalaise se détériorait. Ne disposant d’aucun recours juridique pour défendre leurs droits, nombreux sont ceux qui ont préféré quitter le pays et chercher refuge au Népal ou en Inde. Ceux qui sont restés ont fondé, en 1989, un « Forum populaire pour les droits de l’homme » qui a mené une campagne d’affiches et de tracts dans le sud du pays et subi une répression assez sévère.

Les 22 000 dissidents réfugiés en Inde ont été répartis dans des camps de l’Etat du Bengale, dans la région de Jalpaiguri. Ils organisent occasionnellement des opérations de propagande de l’autre côté de la frontière. C’est à l’occasion de l’une de celles-ci que deux réfugiés auraient été tués le 23 septembre.

Au Népal, un Parti du peuple bhoutanais a été fondé par les opposants réfugiés, et un « bureau de liaison » établi à Katmandou. Par ailleurs, un groupe népalais de solidarité avec le Bhoutan vient de lancer un appel à la Commission internationale des droits de l’homme et à « Amnesty International » pour qu’ils envoient des enquêteurs dans ce pays.

Récemment, l’ambassade bhoutanaise à Delhi avait déjà dû, récemment, démentir des rumeurs selon lesquelles 300 personnes d’origine népalaise avaient trouvé la mort au cours de rafles policières. Les pratiques de l’Etat du Bhoutan ne sont pas celles d’une démocratie libérale (2) et il est vrai que ce pays reste encore assez fermé et extrêmement discret sur ce qui se passe à l’intérieur de ses frontières.