A la paroisse N.D. de Fatima, à Jakarta, le P. Yohanes Baptista Lianto célèbre tous les dimanches une messe en mandarin pour la communauté d’origine chinoise. Cette pratique existe depuis les années 50, et le P. Lianto assure ce service depuis 1985. Dans les premiers temps n’y assistaient que 20 à 30 personnes ; actuellement elles sont plus du millier. Ce sont généralement des fidèles d’un certain âge qui utilisent l’indonésien pour mener leurs affaires, mais dont la connaissance du « Bahasa Indonesia », la langue nationale, ne va pas plus loin. Le père, lui-même chinois d’origine, a tenté de les « acclimater » une fois par mois à la messe en indonésien, mais il a abandonné ce projet, ses auditeurs se plaignant toujours de ne rien comprendre ni aux lectures, ni aux prières, ni au prêche. La jeune génération, elle, n’éprouve pas de telles difficultés, et si les « assemblées chinoises » se sont enflées au cours des ans, c’est en raison d’une part des conversions – une trentaine de baptêmes d’adultes tous les ans – et d’autre part des nouveaux arrivés venant d’autres parties du pays.
Un tel ministère n’entre pas dans les normes habituelles : du côté de l’Etat en effet existe une interdiction d’utiliser des ouvrages écrits en idéogrammes ; or, c’est le cas des livres de prières et de chants dont on se sert pour ces célébrations ; mais, jusqu’à présent, les autorités civiles se sont gardées d’intervenir. Du côté de l’Eglise elle-même, un certain nombre de prêtres et de catholiques désapprouvent ces initiatives qui pourraient amener des divisions entre chrétiens. Mais, comme l’indique le P. Lianto, « nous devrions, dans notre vie quotidienne, nous accepter, nous respecter et nous entraider mutuellement, quelle que soit notre origine ethnique ». Et son assistant laïc, Paul Tupang, de conclure : « Nous nous livrons à une activité religieuse ; cela n’a rien à voir avec la politique ; cela ne fait de mal à aucun individu ni à aucun groupe ; alors, pourquoi le gouvernement devrait-il s’y opposer ? »