Eglises d'Asie

Eglise-Etat: une embellie

Publié le 18/03/2010




Le président et le secrétaire général de la Conférence épiscopale, convoqués à Hanoi le 17 octobre, ont appris de la bouche des responsables du Bureau des affaires religieuses, la venue imminente de la délégation du Saint-Siège. Ils ont également été informés que le gouvernement était prêt, à cette occasion, à manifester sa bonne volonté. Un certain nombre de signes donnent à penser que les rapports entre l’Eglise et l’Etat pourraient connaître une embellie.

Depuis 1975, ces rapports n’ont jamais été faciles. Ils avaient traversé une période de dure tension en 1988, au moment de la canonisation des 117 martyrs du Vietnam. Ils avaient de nouveau été envenimés, ces mois derniers, par les répercussions de la crise du monde communiste qui ont rendu les autorités plus soupçonneuses à l’égard de toute manifestation d’indépendance (11). Récemment, la nomination, par le Saint Siège, de deux administrateurs apostoliques pour deux diocèses vacants du Nord, avait fortement irrité les autorités que Rome n’avait pas consultées à cette occasion. Les déplacements des évêques à Rome, après avoir été autorisés, avaient été différés. Les déclarations faites aux deux responsables de l’Eglise du Vietnam semblent annoncer une amélioration sensible du climat régnant jusqu’à ces derniers mois.

Les responsables du Bureau des Affaires religieuses ont affirmé aux deux évêques que le gouvernement était heureux de la venue au Vietnam de la délégation romaine. Ils leur ont aussi confié que les autorités avaient commis une erreur d’appréciation dans l’affaire de la nomination des administrateurs apostoliques.

Le 7 novembre, c’est une délégation de quatre évêques vietnamiens sous la direction du président de la Conférence épiscopale, qui accueillera le cardinal Roger Etchegaray. Le programme du voyage est déjà précisé. Trois journées entières seront consacrées au travail de négociation. Deux jours ont été réservés à la visite d’un diocèse du Nord. Le choix des évêques a porté sur Thanh Hoa.

Les autorités vietnamiennes ont aussi informé leurs interlocuteurs que les deux évêques récemment autorisés à aller à Rome, ne seraient pas les seuls. Tous les évêques vietnamiens pourront, cette année, accomplir leur visite « ad limina » à Rome, y compris ceux qui, au début de cette année, avaient été nommément écartés par le gouvernement, l’évêque de Phan Thiêt par exemple. Un premier groupe de 8 évêques sous la présidence de Mgr Tao, évêque de Phat Diêm, devait arriver à Rome le 29 octobre. Le second groupe conduit par Mgr Nhât, attendra la fin de la visite de la délégation romaine, pour prendre le départ, sans doute, le 15 Novembre 1990.

Cependant, il reste encore beaucoup de problèmes à régler qui seront, sans doute traités au cours des négociations de novembre, à commencer par l’établissement éventuel de relations officielles entre les deux Etats. De nombreux diocèses restent aujourd’hui sans titulaire, en particulier Hanoi et Huê. La situation de Mgr Nguyen Van Thuân, coadjuteur de Hô Chi Minh-Ville, n’est encore pas réglée. Il est aussi possible que les négociations portent sur beaucoup d’autres problèmes de fond, tels que les séminaires et la situation de nombreux prêtres: certains sont en prison ou en résidence surveillée; d’autres, anciens pensionnaires des camps de rééducation, restent sans affectation. Pourrait aussi être discuté, selon Mgr Nguyên van Hoà, le mode de fonctionnement de la Conférence épiscopale.