Eglises d'Asie

Toujours les privilèges : opinions protestantes divergentes

Publié le 18/03/2010




Les milieux catholiques, on l’a déjà noté, sont loin d’être unanimes dans leur appréciation des mesures gouvernementales concernant les quotas de « réservations » accordés aux castes défavorisées (4). Chez les protestants, le clivage est tout aussi marqué : deux évêques de l’Eglise de l’Inde du nord ont pris sur la question des positions qui se contredisent.

D’un côté, l’évêque Pritam B. Santram, à Delhi, plaide en faveur de la décision du premier ministre. D’après lui, il s’agit, dans cette affaire, de réparer le préjudice ancestral dont ces castes ont été l’objet, en « tentant d’apporter égalité et justice à des gens qui ont souffert durant des siècles ». Si ces « réservations » n’existaient pas, assure-t-il, on serait en droit de les exiger, ajoutant qu’il revient aux membres des castes supérieures, bien installés dans leur confort social et économique, de partager de bonne grâce leurs avantages avec leurs frères des castes inférieures. Le même évêque avait déjà activement participé à l’organisation de la grande manifestation du 17 août 1990 pour la défense des droits des « intouchables » chrétiens (5).

Par ailleurs, à Calcutta, l’évêque D.C. Gorai n’hésite pas à manifester son opposition. Il rappelle que l’attribution de certains privilèges aux basses castes n’était prévue, en principe, que pour une période de dix ans après la promulgation de la Constitution en 1950 ; or, depuis trois décennies, remarque-t-il, on s’est arrangé pour amender les dispositions premières et repousser de plus en plus loin le moment d’en finir avec ces prérogatives. Les critères de caste et de religion faussent la situation, argue-t-il, et ne peuvent aboutir qu’à créer « une nouvelle caste de gens mécontents, qui vont gêner les progrès du pays ». La solution, selon lui, consiste à ne prendre en compte que des critères économiques et culturels pour déterminer quelles parties de la population doivent encore être soutenues par l’ensemble de la nation. Et il qualifie la prise de position des autorités actuellement en place de « manoeuvre politicienne pour gagner des voix ».