Eglises d'Asie

Des communautés de base aux coopératives

Publié le 18/03/2010




Etablies au milieu des années 60, les communautés chrétiennes de base de Sigaboy, dans l’île de Mindanao, n’ont cessé de se développer.

La paroisse St-François Xavier en comprend maintenant 108. Et elles ont à la formation de coopératives ouvertes aussi aux non-chrétiens.

Ainsi M. Simon, qui appartient à une coopérative de pêche dans le Davao oriental, explique-t-il: “C’est le service des pauvres qui nous a rassemblés”. Ancien leader de sa paroisse, il trouve que ses activités actuelles ne sont qu’une autre version de son ancien travail au service de l’Eglise. “Autrefois, le projet était l’affaire du prêtre; maintenant c’est l’affaire de la communauté. Mais c’est le même projet”.

M. Simon s’est lancé dans ce nouvel apostolat à la suite d’un différend avec un prêtre sur le rôle des laïcs dans la paroisse. Celui-ci désirait remettre à l’honneur des pratiques dont Simon disait qu’elles ne feraient qu’accentuer la séparation entre riches et pauvres.

Aujourd’hui, sa coopérative est forte de 24 pêcheurs et accueille aussi des non-chrétiens. Au début, M. Simon craignait que leur présence ne pose des problèmes pour la vie de prière des groupes. Mais il n’en est rien. On continue de se retrouver pour des partages de Bible et des activités para-liturgiques.

Un autre leader laïc, Absalon, se réjouit: “Au temps de la moisson, nous sommes tous là. C’est la joie. C’est cela qui nous unit. Nous ne portons plus attention à nos différences personnelles, ni à nos idées religieuses”.

Fermiers et pêcheurs se réunissent en coopératives pour lutter contre un système qui, disent-ils, est à l’origine de leur pauvreté. “Nous voulons nous libérer de l’emprise des propriétaires terriens et des gros commerçants”, dit Absalon.

Avant la formation des coopératives, un métayer devait emprunter d’une part pour pouvoir cultiver, et d’autre part, pour nourrir sa famille jusqu’à la moisson. Il devait partager sa récolte avec le propriétaire dans la proportion de 70 pour 30, puis rembourser en riz les dettes faites au début de la saison.

Au bout d’une seule année à la coopérative, ce métayer se retrouve avec assez d’argent pour se bâtir une nouvelle maison.

Sigaboy, dans le diocèse de Mati, est, par l’ancienneté, la seconde ville de Mindanao. Pendant plus de cent ans, elle n’a pas eu de curé. Arrivé en 1963, le P. Hiegel en a complètement transformé le paysage spirituel, grâce à ses groupes de prière et à ses réunions de formation. Il a aussi fondé des organisations de fermiers et élaboré des propositions pour une réforme agraire.