Eglises d'Asie

Le gouvernement appelle les évêques à une vision plus réaliste du tourisme

Publié le 18/03/2010




M. Joop Ave, directeur général au ministère du Tourisme, s’est adressé, le 15 novembre 1990, aux évêques catholiques pour leur demander de considérer l’industrie du tourisme de manière plus positive. “Prétendre que le tourisme détruit les cultures locales et favorise la prostitution est une affirmation sans fondement… Les touristes viennent dans notre pays parce qu’ils sont attirés par sa beauté naturelle et sa riche culture… Tout en préparant vos fidèles aux conséquences parfois négatives du tourisme, vous pourriez promouvoir la tolérance religieuse ici et parmi les nations… Vous pourriez même aider les touristes à trouver Dieu, puisque beaucoup d’entre eux se disent incroyants…” a-t-il déclaré.

Mgr Martinus Dogma Situmorang, évêque de Padang et secrétaire de la Conférence épiscopale, répondant à M. Joop Ave, mettait l’accent sur les pratiques immobilières des industriels du tourisme qui mettent en danger la population agricole des régions touristiques: “J’ai peur que le tourisme ne prive de terres de plus en plus de paysans qui ne sont pas, par ailleurs, préparés à se reconvertir dans l’industrie touristique…”

Quelques jours auparavant, une conférence internationale sur le tourisme avait eu lieu à Jakarta; elle était organisée par des organisations non gouvernementales parmi lesquelles le Centre catholique “Altma Jaya” pour le développement du tourisme. M. Bambang Ismawan, le directeur, catholique, de l’Agence pour un développement communautaire autonome, y déclarait: “Il y a des preuves que le tourisme industriel a un impact négatif sur les communautés, celles en particulier qui vivent près des sites touristiques…” Il donnait l’exemple d’un village à 50 km de Jakarta, où les paysans avaient dû céder leurs terres pour la construction d’un golf et n’avaient obtenu en retour qu’“une compensation financière minime”. Des temples hindous sont déplacés pour faire place à des hôtels de luxe. Par ailleurs, “le caractère sacré des cérémonies est altéré” parce qu’elles sont célébrées en présence de touristes à peine vêtus.

M. Bambang note aussi que les chiffres récemment publiés par le gouverneur de l’île de Bali sont révélateurs: la majorité des habitants ne tirent aucun profit économique du tourisme, et les hôtels de l’île appartiennent tous à des investisseurs de Jakarta ou à des immigrés.

Il propose donc une alternative au mode de développement actuel du tourisme. Il faudrait, dit-il, encourager les touristes à séjourner chez l’habitant ou dans des auberges bon marché, ce qui permettrait aux gens du lieu de bénéficier d’un certain nombre de retombées économiques, et favoriserait le contact culturel avec les voyageurs de passage. M. Bambang estime d’ailleurs qu’il y a une demande de plus en plus forte pour ce type de tourisme par des personnes qui préfèrent les sites qui n’ont pas connu trop de transformations et où l’industrie touristique n’est pas trop développée.