Plus de 65% des catholiques de son diocèse sont analphabètes, alors que l’Etat du Kerala, dans lequel ils se trouvent, peut pourtant se vanter du pourcentage le plus élevé d’alphabétisation de tout le pays avec 75%.
Les Nations Unies ayant déclaré 1990 année de l’alphabétisation, le gouvernement du Kerala a décidé qu’avant le 1er janvier 1991, tous les analphabètes de l’Etat auraient appris à lire et à écrire.
L’Eglise catholique, qui représente 21% de la population, était plus que sceptique à propos de la campagne menée dans ce domaine par un groupe marxisant, le “Conseil scientifique et littéraire du Kerala”. Or cette association, composée de volontaires, a gagné un prix de l’ONU pour son travail dans le district d’Ernakulam. Mais les évêques du Kerala la soupçonnaient de chercher, sous couvert d’alphabétisation, à répandre la doctrine marxiste.
Mgr Pakkiam a donc préféré coopérer avec le gouvernement.
Dans son diocèse, où l’Eglise est installée depuis 400 ans, beaucoup de catholiques de rite latin font partie des défavorisés sur le plan social et économique, aussi bien que dans le domaine de l’éducation. En juin dernier, aux examens de fin d’année, les étudiants catholiques de son diocèse n’ont obtenu que 36% de succès, alors que la moyenne de l’Etat était de 56%.
L’évêque participe personnellement à la campagne du gouvernement et invite prêtres et fidèles à en faire autant. Il a même parlé à la télévision et à la radio, contrôlées par l’Etat, et donné des interviews à la presse profane.
Beaucoup de paroisses ont suivi son exemple et formé des “Comités pour l’alphabétisation”, curés en tête. Les instructeurs ont suivi les programmes mis au point par le gouvernement. A travers tout le Kerala, 100 000 volontaires ont en fait participé à la campagne.
“Nous avons introduit la campagne d’alphabétisation à l’église”, dit le P. Charles Leo, un prêtre du diocèse. Au cours de la messe, “les paroissiens ne déposent plus ni fruits ni fleurs sur l’autel. Ils y apportent ardoises, cahiers, crayons, matériel scolaire”.