Eglises d'Asie

Tensions interreligieuses à Célèbes

Publié le 18/03/2010




“La situation à Ujung Pandang est explosive en ce moment. Nous avons été informés que des étudiants militants musulmans ont décidé de brûler les églises chrétiennes de la ville”, a déclaré un catholique habitant dans cette cité du sud de l’île de Célèbes. Toutes les églises de l’endroit ont été placées sous protection militaire.

La consécration d’une nouvelle église, qui devait avoir lieu le 2 décembre 1990, a été annulée à la suite de ces menaces et de diverses manifestations de protestation organisées par les mêmes milieux intégristes musulmans. La municipalité d’Ujung Pandang avait pourtant accordé le permis de construire, et promis d’envoyer des représentants pour la consécration. Après les manifestations et l’agitation politique qui en a été la conséquence, les autorités civiles ont demandé à la hiérarchie d’annuler la cérémonie. Malgré cela, quelques étudiants musulmans ont commis des déprédations

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dans l’église en question et molesté le prêtre qui essayait de s’interposer.

M. Cornelis K. Sara, enseignant catholique à la faculté de droit de la ville, n’a pas été vraiment surpris de ce regain de tension interreligieuse: “Cette nouvelle église catholique est située dans le district de Panakukang, dans les faubourgs de la ville. Ce quartier est connu pour abriter de nombreux intégristes musulmans pour qui la présence d’églises dans le quartier est un signe d’expansionnisme chrétien”, a-t-il déclaré.

L’archevêque du lieu, Mgr Franciscus Hendricus Van Roessel, estime quant à lui que cette absence de tolérance religieuse s’explique par le peu d’impact populaire, dans cette province, du “Pancasila” (7), l’idéologie officielle de l’Etat indonésien.

Depuis l’indépendance de l’Indonésie, l’île de Célèbes a été souvent agitée par des mouvements séparatistes. Trois rébellions armées, d’inspiration islamique, ont été réprimées par les forces de sécurité. Quelques églises de la capitale provinciale ont déjà été brûlées en 1967 à la suite d’émeutes. Aujourd’hui encore, les observateurs estiment que toute manifestation populaire pourrait facilement prendre un tour violemment antichrétien.