de rite syro-malabar
Pourquoi l’éparchie de Kalyan a-t-elle été créée?
Dans l’Eglise, il n’y a pas moins de 22 rites différents. Et tous sont libres d’utiliser leur propre liturgie, partout. Les Eglises orientales existent en Europe, comme le rite latin en Orient. L’Eglise permet aux chrétiens de suivre leurs rites respectifs, sans aucune restriction d’ordre territorial.
Ce problème a été discuté au cours du Concile Vatican II. Et les Pères du concile ont insisté pour que les catholiques aient la liberté et la possibilité de suivre leur propre rite.
En Inde, nous en avons trois: le latin, le syro-malabar et le syro-malankar. Il nous a fallu 25 ans pour mettre en oeuvre la décision du Concile. Ce qui montre que le diocèse de Kalyan n’a pas été formé de manière hâtive, mais seulement après une longue période d’étude et de réflexion. La décision du Saint-Père a été tout à fait mûrie et elle est venue à temps.
Mais certains prétendent que les consultations nécessaires n’ont pas eu lieu ?
Existe-t-il dans l’Eglise catholique un seul diocèse qui ait été érigé après due consultation, en particulier des laïcs ? Autant que je sache, pour aucun diocèse on n’a accordé autant de temps à l’étude et à la consultation. Les directives ont été données en 1965 et la décision n’est arrivée qu’en 1987.
En fait, je n’ai pas eu de problème grave, contrairement à ce qui a été publié dans certains journaux. C’est un diocèse nouveau, et, comme dans tout nouveau diocèse, il y
a des difficultés. Mais des problèmes, il n’y en a pas.
Nous sommes partis de rien. Nous n’avons ni églises, ni institutions. Pour tout, nous devons compter sur l’Eglise latine locale. Les trois diocèses latins nous ont d’ailleurs beaucoup aidés. Naturellement, ils n’ont pas toujours été capables de satisfaire entièrement nos besoins: ils ont, eux aussi, de nombreux fidèles, dont ils doivent s’occuper. Mais en général, l’entente est bonne.
Quelles sont vos relations avec les trois évêques latins de la région?
Elles sont cordiales avec tous les trois. Nous nous consultons mutuellement sur de nombreux sujets et leur coopération m’est d’un grand secours. Ils ont accepté dans un excellent esprit la réalité du rite syro-malabar.
Certains, comme le “Front uni du laïcat”, protestent: pourquoi?
Je ne sais pas si leur nom correspond à la réalité. Rares sont les gens qui n’acceptent pas ce diocèse. Et ceux qui le rejettent sont depuis longtemps coupés de leurs racines. Je comprends leur problème. Mais je ne puis accepter leurs arguments. Depuis de nombreuses années, ils vivent dans l’Eglise latine et elle leur est plus familière. Cela ne veut pas dire que tout le monde ressente les choses de la même manière.
Lorsqu’il s’agit de servir la communauté, il ne faut pas donner trop d’importance aux désirs de quelques individus. Ils n’ont pas réfléchi à la nature de l’Eglise. Ce diocèse n’est pas quelque chose qui a été demandé et reçu: il découle tout naturellement d’une réflexion sur l’Eglise. L’Eglise de rite syro-malabar fait partie de l’Eglise qui est en Inde, et elle a le droit d’exister partout dans le pays. On ne peut pas lui refuser ce droit à Bombay.
Les catholiques de rite syro-malabar, dans cette région, ont vécu de longues années sous l’autorité de l’Eglise latine. On ne pouvait pas faire autrement; mais ce n’est pas cela que l’Eglise voulait. D’après la loi de l’Eglise, même si un catholique reste longtemps sous un autre rite, il ne peut renoncer à ses origines. Il fallait donc donner aux gens ce qui leur revenait de droit. Certains ont pu être coupés de leurs racines. Avec le temps, ils se retrouveront chez eux.
Est-ce que le dicton “Une fois syriaque, toujours syriaque”, ne rappelle pas le système de castes tel qu’on le trouve dans l’hindouisme?
Le rite n’a rien à voir avec le système des castes. L’Eglise universelle est une communion d’Eglises. On devient catholique par l’intermédiaire d’une Eglise particulière. C’est ce que nous appelons “rite”. Cette Eglise particulière est notre mère spirituelle. On ne change pas de mère. Si on perd sa mère, ou qu’on est empêché de la rejoindre, on en trouve alors une autre. Et l’Eglise apporte des solutions à ces situations extraordinaires.
Pourquoi toutes ces divisions?
Dans l’Eglise, notre foi est commune; mais nos manières d’adorer Dieu sont différentes. Nous montrerons le bon exemple si nous vivons selon notre propre tradition, et en même temps respectons la tradition des autres. Le rite cessera alors d’être une cause de division pour devenir source d’unité.
Comment évaluez-vous ces deux dernières années?
Mon diocèse se porte bien. Depuis deux ans, nous avons pu prendre contact avec beaucoup de nos catholiques répartis à travers les trois diocèses de rite latin que nous couvrons. Cela représente 14 districts dans l’Etat du Maharashtra.
Combien avez-vous de catholiques dans votre diocèse?
Je ne puis pas vous en dire le nombre exact, car nous n’avons pas de statistiques précises. En général, on estime le nombre des catholiques de rite syro-malabar à environ 100 000. Beaucoup d’entre eux appartiennent à la catégorie des “instables”, surtout les célibataires. Notre premier travail est d’apprendre à connaître nos gens et de nous faire connaître d’eux. Ils sont coupés de leurs propres réalités. Ils ont besoin d’apprendre et d’apprécier leur tradition et leur liturgie. Je sais par expérience que, lorsqu’ils le comprennent, les fidèles aiment leur rite. Ils retrouvent tout naturellement leur héritage.
Nous essayons d’atteindre les jeunes, surtout ceux qui sont nés, ont grandi ici. Eux ne se rattachent pas naturellement à leur héritage. Il faut les aider. Nous le pouvons par la catéchèse, les réunions de formation.
Croyez-vous que d’autres éparchies seront un jour créées dans le pays?
Sûrement. L’Eglise syro-malabare existe dans ce pays depuis le premier siècle de notre ère. Elle a le droit d’exister n’importe où ici. Elle devrait pouvoir prendre soin de ses fidèles où qu’ils soient.