Le “Front” aurait, dit-on, son quartier général en Malaisie, et des contacts en Suède, en Libye et au Portugal. Ses activités trouvent un certain écho dans l’islam de la population locale et de ses chefs religieux (6), rigoristes à l’extrême et souvent fanatisés par certains prédicateurs. Outre des ressources qui lui viendraient de l’étranger – le président Suharto y a fait allusion récemment, sans citer expressément aucun pays – le “Front” disposerait des recettes d’un trafic de marijuana.
Quoi qu’il en soit, les militaires assurent que les opérations qu’ils ont menées ces derniers mois contre les insurgés ont été couronnées de succès. Mais différents groupes de défense des droits de l’homme répètent que les uns et les autres – et peut-être plus les soldats que les résistants – se sont livrés à des interventions barbares. Les victimes d’exécutions sommaires ou d’inadmissibles mesures répressives se compteraient par milliers, d’après les maquisards, ou par quelques douzaines seulement selon les sources officielles. Celles-ci admettent pourtant que les forces de l’ordre ont parfois fait un usage intempestif de leurs armes.
M. Ali Alatas, ministre des Affaires étrangères, s’inquiète en tout cas des répercussions à l’étranger des violations répétées des droits de l’homme en Indonésie par les forces de l’ordre, tant dans la région d’Aceh qu’à Timor Oriental. Il a, semble-t-il, réussi à persuader ses partenaires au gouvernement et les membres de l’armée que le respect par l’Indonésie des droits de l’homme pourrait devenir un facteur capital dans les relations internationales, si le pays veut jouer un rôle important dans la communauté des nations et en particulier dans le Mouvement des non-alignés. Par ailleurs, l’Indonésie vient de faire son entrée, le 1er janvier 1991, dans la Commission des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. M. Alatas espère sans doute désamorcer ainsi les critiques proférées contre son pays à propos de Timor Oriental. Mais cette initiative pourrait aussi être l’amorce d’une certaine prise de conscience des dirigeants indonésiens, et même d’une politique nouvelle plus respectueuse des droits de l’homme. Affaire à suivre en tout cas.