Cette petite phrase constitue incontestablement un élément nouveau au sein de l’idéologie officielle concernant la religion. En effet, jusqu’à ces dernières années, la théorie orthodoxe a toujours insisté sur le caractère pernicieux du phénomène religieux, source de résignation et obstacle à la lutte pour la révolution (17). C’est la première fois qu’une telle appréciation est portée dans une déclaration officielle.
Cependant, voici déjà quelque temps que dans les milieux intellectuels du Parti communiste vietnamien, il était question d’une réévaluation du rôle exercé par les religions en matière culturelle et morale. En 1989, « Echange France-Asie » avait traduit et présenté un texte étonnant d’un historien vietnamien (18), membre du Parti, Tran Quôc Vuong: il réhabilitait la religion comme phénomène culturel essentiel, et faisait du sentiment religieux une composante inaliénable de la condition humaine.
Par ailleurs, la déclaration du Bureau des Affaires religieuses exprimait aussi la bonne volonté actuelle des autorités vis-à-vis des croyants: « Le Parti et l’Etat sont au service de tous, y compris des croyants. Le Parti et l’Etat ne peuvent donc rester en paix tant que les croyants sont dépourvus de lieux où célébrer leur culte, tant qu’ils ne jouissent pas de la liberté de culte. (…) Les communautés religieuses ont le droit de choisir leurs responsables (évêques, prêtres, conseils de paroisses), à condition que les personnes choisies ne s’opposent pas à l’Etat. Ce choix devra être auparavant discuté avec l’Etat ».