Eglises d'Asie

De l’utilité sociale des religions.

Publié le 18/03/2010




Les 9 et 10 novembre 1990, au moment où la délégation du Saint-Siège conduite par Mgr Etchegaray visitait la ville de Huê, le Bureau des Affaires religieuses convoquait un groupe d’évêques et leur faisait une déclaration dont l’essentiel a été rapporté par des sources romaines (16). Il y est affirmé que « le Parti et l’Etat reconnaissent le rôle des religions pour le maintien et le progrès de la vie morale des citoyens dans la société

Cette petite phrase constitue incontestablement un élément nouveau au sein de l’idéologie officielle concernant la religion. En effet, jusqu’à ces dernières années, la théorie orthodoxe a toujours insisté sur le caractère pernicieux du phénomène religieux, source de résignation et obstacle à la lutte pour la révolution (17). C’est la première fois qu’une telle appréciation est portée dans une déclaration officielle.

Cependant, voici déjà quelque temps que dans les milieux intellectuels du Parti communiste vietnamien, il était question d’une réévaluation du rôle exercé par les religions en matière culturelle et morale. En 1989, « Echange France-Asie » avait traduit et présenté un texte étonnant d’un historien vietnamien (18), membre du Parti, Tran Quôc Vuong: il réhabilitait la religion comme phénomène culturel essentiel, et faisait du sentiment religieux une composante inaliénable de la condition humaine.

Par ailleurs, la déclaration du Bureau des Affaires religieuses exprimait aussi la bonne volonté actuelle des autorités vis-à-vis des croyants: « Le Parti et l’Etat sont au service de tous, y compris des croyants. Le Parti et l’Etat ne peuvent donc rester en paix tant que les croyants sont dépourvus de lieux où célébrer leur culte, tant qu’ils ne jouissent pas de la liberté de culte. (…) Les communautés religieuses ont le droit de choisir leurs responsables (évêques, prêtres, conseils de paroisses), à condition que les personnes choisies ne s’opposent pas à l’Etat. Ce choix devra être auparavant discuté avec l’Etat ».