Le dimanche 30 décembre 1990, l’administrateur apostolique, Mgr Ximenes Belo, présidait un service oecuménique au sanctuaire de la Vierge, dans le quartier de Lesidere, où 10 000 étudiants catholiques et protestants étaient réunis. Se souvenant sans doute de manifestations liturgiques où la jeunesse s’était livrée à des actions anti-indonésiennes (14), le chef du diocèse invita ses auditeurs à devenir des artisans de paix dans une société où ils sont appelés à exercer plus tard une fonction dirigeante.
Deux jours auparavant, le gouvernement provincial avait organisé une réception où le gouverneur Carrascalao fit part à ses invités de ses réflexions sur le message de Noël, un message de paix, une paix qui, leur dit-il en reprenant à son compte le discours du pape lors de sa visite en octobre 1989, “signifie réconciliation, tolérance et esprit de pardon pour guérir les coeurs blessés”. Admettant qu’il faut du courage pour oublier un passé sombre, il assura qu’il importait à tous, pour l’avenir de la région, de s’en montrer capables, et d’abandonner les anciennes et vaines chimères d’indépendance du territoire, lequel a surtout besoin, dit-il, de toutes les bonnes volontés pour appliquer les programmes de développement et ainsi améliorer les conditions de vie de la communauté tout entière.
Dans sa réponse, le P. Alberto Ricardo, vicaire général, en partant de l’événement de la Nativité, exposa à son tour qu’il convenait de s’en inspirer “pour fortifier notre action en faveur d’un changement social”, et conclut en demandant que chacun prenne ses responsabilités pour faire de Timor Oriental un hâvre de paix dont serait absente désormais toute trace de haine.
Rappelons que la répression militaire et la torture des prisonniers se sont intensifiées ces derniers mois (15) à Timor Oriental. 40 personnes ont été sommairement exécutées par l’armée, et 50 autres ont “disparu”, au cours de la seule année 1990.