Eglises d'Asie

Travailleurs étrangers renvoyés chez eux

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement désire mettre de l’ordre dans sa politique vis-à-vis des travailleurs étrangers. La plupart d’entre eux se trouvent en effet dans le pays en situation irrégulière: Malaisiens, Indonésiens, Srilankais, Thaïlandais, mais surtout 70 000 Philippins. Les autorités ont décidé de les renvoyer chez eux dans un premier temps, afin de leur permettre de revenir ensuite avec des contrats établis en bonne et due forme. Mais ils devront travailler pour le compte de compagnies étrangères à des travaux publics, et non plus dans des usines privées, comme c’était le cas jusqu’à maintenant.

Tout comme au Japon, à Hongkong et à Singapour, en raison de leur situation et de l’absence de législation précise, les travailleurs étrangers sont la proie d’une exploitation éhontée, en particulier dans les petites entreprises pour lesquelles la masse salariale est une part importante du capital de fonctionnement.

L’Eglise est consciente des problèmes de justice créés par cet état de choses (13). Il y a un an, les évêques étaient intervenus auprès du gouvernement. A l’époque, on leur avait répondu qu’il fallait attendre la fin des élections. Depuis, les choses n’ont que peu avancé. La Conférence épiscopale étudie actuellement ce qui se fait à Hongkong. Un premier but serait d’obtenir l’établissement d’un système de contrats comme celui qui y prévaut: malgré ses imperfections, il offrirait une certaine protection à ces travailleurs immigrés.

Vicaire général du diocèse de Hualien et curé d’une paroisse de la ville, le P. Auguste Lespade, des Missions Etrangères de Paris, a déclaré à “Eglises d’Asie” avoir bien souvent été le témoin de l’exploitation dont sont victimes les travailleurs étrangers: ” Au début de cette année 1991, par exemple, j’ai reçu la visite de deux jeunes ouvriers. Désirant obéir à la loi promulguée en décembre dernier, et selon laquelle les étrangers travaillant illégalement dans le pays devraient partir avant la fin de février 1991, ils ne pouvaient obtenir de leur patron le passeport que celui-ci leur avait confisqué lors de leur arrivée. On porta plainte. Mais lorsque la police interrogea le patron, celui-ci répondit que les deux jeunes gens lui devaient 3 700 FF environ. Or leur salaire mensuel s’élève à quelque 1 650 FF. Cette dette avait été contractée lorsque les deux ouvriers préparaient leur départ des Philippines pour Taiwan. Le patron avait payé en leur nom et se remboursait largement”.