C’est du moins l’avis de Swamy Agnivesh, exprimé au cours d’un séminaire organisé à Delhi par la revue jésuite « Vidyajyoti » sur le thème « Dialogue et libération ». Pour lui, la religion fait partie de la culture indienne et doit par conséquent être interprétée en termes culturels. Les chrétiens, dit-il, peuvent se partager en deux groupes: ceux, les plus nombreux, qui en sont encore à chercher des conversions et les autres, qui sont engagés dans la lutte en faveur des pauvres. Toujours selon Swamy Agnivesh, le christianisme doit jouer un rôle important en Inde, et l’Eglise devrait s’identifier de plus en plus avec les pauvres. Malheureusement, ajoute-t-il, les chrétiens en Inde sont trop divisés et la hiérarchie en est restée à l’époque coloniale. Il insiste: il ne faut pas rester apolitique, sinon on risque de s’en tenir aux oeuvres charitables, ce qui ne serait pas suffisant. Les chrétiens devraient se lancer dans l’arène politique…
Swamy Agnivesh enseigna, jusqu’en 1968, au collège universitaire St-François Xavier de Calcutta. Impressionné par le style de vie des jésuites belges avec lesquels il travaillait, -« Ils partageaient tout ce qu’ils avaient », dit-il – il prit la résolution de les imiter. En même temps, pensant qu’ils étaient venus dans le but précis de convertir les Indiens, et, par là, selon lui, de les priver de leur liberté, il décida de s’opposer à la formation de ce qu’il appelait un « pays chrétien ». Par ailleurs, réagissant contre le système des castes et l’exploitation des pauvres par les brahmanes, il démissionna de sa chaire d’enseignement et partit pour l’Etat du Haryana, où il travaille à améliorer les conditions socio-économiques des pauvres. Après un passage au gouvernement provincial, il décida de se consacrer totalement à la lutte contre le servage.
Swamy Agnivesh s’élève contre l’obscurantisme religieux utilisé comme arme et critique très fort la querelle qui oppose hindous et musulmans à propos de la mosquée d’Ayodya (6).