Eglises d'Asie

Les catholiques “patriotes” ont modifié l’appellation et la mission de leur Comité.

Publié le 18/03/2010




C’est ce qu’annoncent les membres du nouveau Comité d’union dans une lettre qu’ils adressent à leurs compatriotes catholiques, à l’issue de leur dernier congrès qui a eu lieu à Hanoï, du 10 au 12 octobre 1990.

Le Comité d’union des catholiques patriotes s’appelle désormais “le Comité d’union du catholicisme vietnamien”, affirme la résolution finale du congrès qui ajoute un peu plus loin que cette nouvelle appellation n’est que la forme abrégée de “Comité d’union du catholicisme vietnamien pour l’édification et la défense de la patrie”. Ce que confirme l’article 1 des nouveaux statuts. Les textes publiés à l’issue du congrès donnent, pour ce changement d’appellation, des raisons qui ne sont guère convaincantes. Elles se situent, en effet, à un degré de généralité que, seule, la langue de bois est capable d’atteindre. Dans la résolution, comme dans la lettre, l’abandon du terme “patriote” est justifié par “les exigences de la nouvelle situation et des nouveaux devoirs”. Il est probable que ce sont les résonances péjoratives de ce mot, dans tous les pays communistes et au Vietnam lui-même, qui constituent le motif principal de son abandon. On peut remarquer que, dans les nouveaux statuts du Comité, toutes les anciennes références au patriotisme ont été supprimées.

Cependant, le plus notable des changements est celui qui concerne la mission nouvelle du Comité. Il s’est traduit par l’ajout d’un nouveau paragraphe à l’article 1 des statuts, définissant les objectifs du Comité. En voici la traduction:

“Se préoccuper des intérêts de la vie spirituelle et matérielle des catholiques, refléter les aspirations des fidèles auprès de l’Etat pour que leur soit donnée une légitime satisfaction”.

L’objectif principal reste inchangé, à savoir: “la mobilisation des milieux catholiques pour qu’ils participent avec tout le peuple à l’édification et la défense de la patrie”. Mais à ce premier objectif est désormais associé un autre, d’ordre plus “corporatif”: la représentation des intérêts du catholicisme auprès de l’Etat. Lors des réunions préparatoires à la fondation du Comité d’union à Hô Chi Minh-Ville, en 1982, beaucoup de catholiques avaient estimé que c’était là le premier devoir du nouveau Comité. C’était aussi l’avis de l’archevêque de Saigon. Mais le premier congrès n’avait pas retenu cette suggestion. Récemment, avant le deuxième congrès, le nouveau président de la Conférence épiscopale du Vietnam, Mgr Nguyen Minh Nhât, avait rappelé aux responsables du Comité d’union que leur mouvement devrait se soucier davantage de la défense de l’Eglise auprès des pouvoirs publics.

On peut penser que la crise du communisme dans le monde et au Vietnam n’est pas étrangère au virage accompli par les catholiques “ex-patriotes” lors du dernier congrès. Plusieurs allusions y sont faites dans les documents du congrès. Il en est question dans un document sur le travail idéologique, émanant de Hô Chi Minh-Ville.

Pour être complet sur les modifications, il faut aussi parler du retrait de certaines personnalités du Comité. Ainsi, un personnage aussi important que le père Huynh Công Minh, ancien député, aujourd’hui vice-recteur du séminaire et curé de la cathédrale de Hô Chi Minh-Ville, ne fait plus partie d’aucune instance et n’a plus son nom dans la liste des membres du Comité. Il en est de même du père Truong Ba Can, directeur du journal “Công Giao va Dân Tôc”.