Eglises d'Asie

Arrestations et interrogatoires pour les signataires de la lettre ouverte aux évêques

Publié le 18/03/2010




Le 15 août 1989, 14 chrétiens vietnamiens adressaient à la Conférence épiscopale une lettre ouverte réclamant plus d’indépendance et d’autonomie pour l’Eglise catholique dans ses rapports avec l’Etat. On a pu croire, un moment, que la Sûreté ne s’intéressait qu’aux principaux inspirateurs de cette lettre, à savoir le Père Chân Tin et son ami, M. Nguyên Ngoc Lan, puisque elle les avait placés en résidence surveillée, le 16 mai 1990.

Or, dès le 24 avril 1990, un des signataires de la lettre, l’avocat Doan Thanh Liêm, avait été arrêté en même temps que l’ancien journaliste américain, Michael David Morrow, libéré le 14 mai 1990 et le Français Thierry Rodzinek, aussitôt relâché. Doan Thanh Liêm, diplômé de l’Université de Georgetown à Washington, avait été, de 1975 à 1976, membre du Gouvernement révolutionnaire provisoire du Sud-Vietnam. En plus de sa signature au bas de la lettre ouverte à l’épiscopat vietnamien, on lui reproche la rédaction d’un projet de constitution pour le pays. Un témoin, cité par Amnesty International, affirme qu’il est détenu à Hô Chi Minh-Ville. Cet homme de 56 ans aurait, aujourd’hui, les apparences d’un vieillard et ne pourrait plus s’exprimer que par signes.

Plus récemment, le 25 février 1991, un autre signataire de la lettre ouverte, le professeur Ngô Van An, a été, lui aussi, arrêté. La police s’est présentée chez lui vers midi et lui a aussitôt signifié la « mesure administrative » dont il était l’objet: trois ans de rééducation par le travail.

Le 22 décembre 1990, le professeur avait déjà été l’objet des attentions de la Sûreté qui l’avait interrogé toute l’après-midi et toute la soirée. Ce même jour, une fouille avait été effectuée dans sa maison. Les interrogatoires s’étaient poursuivis durant les jours suivants, jusqu’après la fête de Noël. A la même époque, un autre signataire, M. Hô Công Hung, était convoqué à la Sûreté pour trois séances de travail (14), le 21, le 22 et le 24 décembre. A la suite de quoi les agents de la Sûreté l’avaient informé qu’il était « provisoirement en liberté » et qu’on le « rappellerait lorsque l’on aurait besoin de lui ».