Eglises d'Asie

La politique religieuse du gouvernement critiquée par le P. Huynh Công Minh

Publié le 18/03/2010




Le 14 novembre 1990, le Bureau des Affaires religieuses du gouvernement a informé l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville, de sa décision n° 207/CV/TGCP: désormais, le gouvernement permet aux grands séminaires du pays de procéder à un recrutement tous les trois ans au lieu de tous les 6 ans comme c’était le cas jusqu’à cette date. La décision prévoit aussi que le grand séminaire de Hô Chi Minh-Ville pourra

effectuer ce recrutement en 1990-1991 pour 50 élèves : 15 proviendront du diocèse de Hô Chi Minh-Ville, 15 du diocèse de Xuân Lôc tandis que les diocèses de Phan Thiêt, Dalat, Phu Cuong et My Tho présenteront, chacun, cinq aspirants au sacerdoce. La décision répète aussi que tous les candidats doivent être de bons citoyens remplissant les conditions exigées d’eux par les autorités civiles et religieuses.

Le père Huynh Công Minh, ancien député à l’Assemblée nationale, actuel vice-recteur du grand séminaire de Hô Chi Minh-Ville, avait déjà, l’an dernier, exprimé publiquement son insatisfaction des limitations imposées par l’Etat au recrutement et au fonctionnement des séminaires (10). Dans une interview accordée à l’organe du « Comité d’union du catholicisme », le 3 février 1991, le père Minh (11) a affirmé qu’il n’y avait pas lieu de se réjouir d’une telle décision, alors que, dans n’importe quel séminaire du monde, le recrutement avait lieu tous les ans et n’était pas limité. Le chiffre de 15 candidats accordés tous les 3 ans au diocèse de Hô Chi Minh-Ville est absolument insuffisant. Avec les départs inévitables, ces 15 candidats ne seront plus que 10 ou 12 en fin de formation. Tous les trois ans, pour le diocèse, il y a 30 à 36 décès de prêtres qui ne seront donc remplacés que par 10 à 12 nouveaux prêtres. Pour l’ensemble de l’Eglise au Vietnam, le nombre actuel d’environ 2 000 prêtres est déjà insuffisant pour le service d’une population catholique estimée par certains à 6 millions (12).

Selon le vice-recteur du séminaire Saint-Joseph, si les catholiques doutent des bonnes intentions du régime en matière religieuse, ce n’est pas d’abord à cause de leur passé réactionnaire et impérialiste. La cause principale de cette suspicion est à rechercher en premier lieu chez les cadres et les membres du Parti. Ils sont remplis de préjugés à l’égard des catholiques. Dans le domaine religieux, leurs conceptions sont invariables et « non dialectiquesIls ont peur que les catholiques s’opposent à la révolution et ils considèrent toujours la religion « comme l’opium du peuplevoilà pourquoi ils limitent ainsi le recrutement des prêtres.

Dans la suite de l’interview publiée la semaine suivante (13), le père Minh apporte précisions et rectifications. Il déplore que la question religieuse soit absente de la plate-forme proposée à la discussion pour la préparation du 7ème Congrès. Selon lui, au moins 80 % de la population vietnamienne adhèrent à une religion. C’est pourquoi il propose que soit organisée, au sein du Parti, une conférence sur la religion.

Par ailleurs, le père Minh pense que les catholiques du Vietnam sont unis au reste de la nation et qu’ils s’opposent aux forces ennemies qui veulent propager au Vietnam l’incendie allumé en Europe de l’est. Certains voudraient profiter des catholiques, pour transformer le Vietnam en « nouvelle Europe de l’estMais les catholiques vietnamiens sont vigilants …