Eglises d'Asie

Les pentecôtistes exercent une forte attraction sur les catholiques

Publié le 18/03/2010




En plusieurs endroits de l’Inde, des catholiques quittent l’Eglise pour se joindre à des groupes pentecôtistes. Le phénomène inquiète la hiérarchie catholique.

“Des dévotions excessives, le peu de qualité de la prédication, le manque de connaissance et la non-utilisation de la Bible dans nos homélies, telles sont les causes de l'”exode” qui vide nos églisesMgr Casimir Gnanadickam, archevêque de Madras, dans une circulaire adressée à ses prêtres le 2 février 1991, les invite ainsi à se remettre en question.

On signale entre autres le cas d’un prêtre du diocèse nouvellement formé de Sivagangai,

au sud-ouest de Madras. Le P. Berchmans s’est, dit-on, fait rebaptiser par immersion chez les pentecôtistes. Curé de paroisse et directeur d’un centre de prière, il a été, pendant plusieurs années, très recherché comme prédicateur. Jusqu’au jour où l’on s’est aperçu que sa théologie s’éloignait quelque peu de l’enseignement traditionnel de l’Eglise. Il nie, par exemple, le caractère sacrificiel de la messe et la présence réelle dans l’Eucharistie. Il considère comme idolâtre la vénération du Saint-Sacrement. Il rejette le baptême des enfants et n’accepte que le baptême par immersion. Il interdit les statues et images de Notre-Dame et des saints. Et d’affirmer: “Dieu me parle clairement”.

Après plusieurs avertissements, son évêque, Mgr Edward Francis, dans une lettre datée du 20 mars, lui a demandé de ne plus célébrer l’Eucharistie ni les autres sacrements et lui a retiré le pouvoir d’entendre les confessions. Il lui a fait savoir en même temps qu’un refus de se soumettre le placerait “ipso facto” en dehors de l’Eglise catholique. En même temps, une circulaire informe les fidèles de la nouvelle situation dans laquelle se trouve ce prêtre qui aurait entraîné avec lui un millier de disciples.

Essayant d’analyser ce phénomène, un correspondant écrit de l’Inde: “Tous ces catholiques qui, à Bombay, Goa, Tuticorin et ailleurs, quittent l’Eglise, désirent une liturgie vivante où Dieu est loué à pleine voix et la Parole prêchée avec force; ils veulent une communauté animée par l’esprit de partage et le soutien mutuel. Ils cherchent aussi la manifestation des dons de l’Esprit”. Et sans doute ont-ils été déçus par une Eglise dont la liturgie reste morne, sans participation, où la parole de Dieu n’est pas prêchée parce que les prédicateurs ne sont pas suffisamment formés; une Eglise d’individus sans rapport les uns avec les autres; une Eglise où “les manifestations du Saint-Esprit sont strictement interdites”.

Une attraction supplémentaire des groupes pentecôtistes est qu’ils sont autonomes, ne dépendant, hiérarchiquement et financièrement, de personne.

Mais, ajoute ce correspondant, la question se pose de savoir si, dans l’Eglise catholique, les responsables sont prêts à admettre que cet “exode” est souvent provoqué par des besoins légitimes qui ne sont pas satisfaits. Il ne suffit pas de dire que “les autres ont fait jouer une concurrence déloyale” et se donner ainsi bonne conscience.