Eglises d'Asie

Pas de rapatriement forcé pour les réfugiés vietnamiens

Publié le 18/03/2010




Les 25 et 26 mars 1991, une conférence sur les réfugiés vietnamiens, siégeant à huis-clos, réunissait à Genève, avec le Haut commissariat aux Réfugiés, 12 pays asiatiques et occidentaux concernés par le problème. A l’issue de la conférence, certains participants ont fait savoir qu’une importante décision avait été prise, concernant le type de rapatriement qui doit être appliqué aux réfugiés selon le “plan d’action global”. Ce plan, a déclaré la conférence, implique le rejet du rapatriement forcé. Lorsqu’en juin 1989, le plan d’action global avait été adopté à Genève, les Etats participants s’étaient accordés sur la procédure de tri destinée à séparer les réfugiés politiques des migrants illégaux,

et sur la nécessité d’un rapatriement pour ces derniers. Subsistait un désaccord sur le caractère volontaire ou non volontaire du retour au pays. C’est donc la position des Etats-Unis – farouchement opposés au rapatriement forcé – qui l’a emporté sur celle de la Grande-Bretagne et de Hongkong. La communauté européenne aurait, elle aussi, préconisé le rejet du rapatriement forcé. Un porte-parole de la conférence a fait savoir qu’une nouvelle session serait convoquée à la fin du mois d’avril, pour continuer de débattre des problèmes suscités par l’application du plan d’action global.

Ces nouvelles réunions internationales s’avèrent nécessaires et urgentes, car un peu partout, dans les camps du Sud-est asiatique, la stricte application du “plan d’action global” et plus particulièrement la mise en oeuvre de la procédure du “tri” (screening), a plongé les réfugiés dans la confusion et l’angoisse. On connaît la situation dramatique qui règne depuis déjà longtemps dans les camps de Hongkong où se trouve la moitié de la population réfugiée, estimée aujourd’hui à 110 000 personnes. “Eglises d’Asie” signalait dans son avant-dernier numéro les émeutes du camp de Phanat Nikhon en Thaïlande (15). En Malaisie, dans le camp de Pulau Bidong, la situation est du même ordre. Les 13 000 pensionnaires – dont 90 % sont promis au rapatriement – ont, depuis novembre 1990, entrepris un mouvement de résistance. Depuis le 26 novembre 1990, date à laquelle un réfugié s’est immolé par le feu, les tentatives de suicide se sont multipliées. Dans les premiers jours du mois de janvier 1991, trois pensionnaires du camp essayaient de se donner la mort en s’ouvrant le ventre avec un couteau. A la fin du mois de décembre 1990, une centaine de réfugiés avaient entamé une grève de la faim pour protester contre le rapatriement obligatoire.

D’une certaine façon, le procès intenté au gouvernement de Hongkong, depuis le 19 novembre 1990 (16), par 9 réfugiés classés migrants illégaux, était aussi une mise en cause du plan d’action global, puisqu’il tentait de démontrer le peu de sérieux de la décision prise à l’issue de la procédure du “tri” (screening). Or ce procès, soutenu devant la Haute cour de Hongkong, vient de trouver une bien curieuse issue. Le 18 février 1991, une conclusion du juge Mortimer renvoyait l’un des plaignants, M. Dô Giao, aux autorités de l’immigration pour qu’elles entament un nouvel examen de son cas et prennent une nouvelle décision concernant son statut (17). Le 28 mars 1991, le procès était ajourné “sine die”, à la suite d’un accord intervenu entre les huit autres plaignants et le gouvernement de Hongkong. Sur la promesse d’un nouvel examen de leur cas, par les autorités du territoire, les huit “boat people” ont retiré leur plainte.

On ne sait trop quelles assurances précises les réfugiés ont reçues pour abandonner ainsi leur procès, mais, ce faisant, ils facilitent considérablement la tâche du gouvernement de Hongkong qui, désormais, n’a plus à craindre que les autorités judiciaires jettent un discrédit sur la politique menée par lui à l’égard des boat people.