Eglises d'Asie – Vietnam
La nouvelle réglementation religieuse: moins d’interdictions, mais davantage de contrôle
Publié le 18/03/2010
… En vain, semble-t-il, puisque la nouvelle réglementation des activités religieuses, signée par le premier ministre Dô Muoi, datée du 21 mars 1991, connue à la mi-avril et publiée au début du mois de mai de cette même année (16), se présente sous la forme d’un décret du Conseil des ministres. Comme il l’a toujours fait, l’Etat vietnamien continue à “gérer” les activités religieuses par décrets, résolutions et directives (17). Ceci est déjà
un précieux renseignement sur le statut actuel des religions à l’intérieur de la société civile vietnamienne. Elles n’ont pas droit, comme les “investissements étrangers” par exemple, à la réglementation d’un code législatif. Elles sont l’objet de la gestion directe et immédiate de l’Etat et sans doute du Parti.
Ce renforcement du contrôle étatique est bien en effet le point saillant du décret. Il est affirmé dans la plupart des articles. Certes, ce renforcement est beaucoup moins fort que ne le laissait pressentir le projet exposé l’an dernier à Hô Chi Minh-Ville par un représentant du bureau des Affaires religieuses (18), mais cependant, il l’est assez pour faire oublier certaines améliorations apportées, dans le domaine de l’instruction religieuse par exemple. Cette dernière, qui était classée activité religieuse extraordinaire par l’ancien décret 297 CP, devient activité ordinaire, lorsqu’elle est dispensée à l’intérieur de l’église. Mais il faut remarquer que c’était déjà la pratique courante, un peu partout, depuis plusieurs années. Par ailleurs, cet élargissement des activités religieuses ordinaires est suivi d’un certain nombre de restrictions dont l’avenir dira ce qu’elles représentent exactement: ces activités devront être conformes aux coutumes religieuses régionales et seront énumérées dans un programme qui sera enregistré chaque année.
Il faut aussi noter que l’autorité de l’Etat, dans le présent décret, s’affiche en tant que telle et éprouve, beaucoup moins qu’avant, le besoin d’accentuer sa couleur idéologique. Il n’y a désormais plus de fautes contre le socialisme (qui en tant que doctrine n’est pas cité), mais contre “le régime de l’Etat de la république socialiste”, “contre l’indépendance nationale” .
Pour tout le reste, l’actuelle réglementation fait preuve d’une belle continuité par rapport à celle de 1977. Elle n’apporte de solutions concrètes à aucune des difficultés actuelles de l’Eglise du Vietnam, à savoir l’ordination, la nomination, le déplacement des prêtres, le recrutement et le fonctionnement des séminaires et quelques autres encore. Peut-être, le nouveau décret apportera-t-il certaines améliorations à la vie des congrégations religieuses.