Au cours du mois de mars 1991, une réunion s’est tenue à Hanoi, qui s’était donné pour tâche de rassembler les premiers résultats de la lutte contre l’analphabétisme. Ils ne sont guère encourageants… Pour l’année 1990, 63 158 personnes ont été alphabétisées avec succès au lieu des 350 000 qui étaient l’objectif de la campagne. Il faut dire que moins de 5 milliards de piastres, au lieu des 14 prévus initialement, ont été effectivement débloqués pour cette campagne. Dans beaucoup de provinces, on ne disposait même pas de livres adaptés à cette tâche.
La presse locale a souligné que cette campagne n’a été ni appuyée par un quelconque mouvement d’opinion, ni accompagnée du soutien social qu’elle méritait. Elle fait aussi remarquer que non seulement le fléau de l’analphabétisme ne diminue pas, mais qu’il se développe et prend des proportions tout à fait inquiétantes. Car il est alimenté par un taux de non-scolarisation qui est allé croissant ces dernières années.
C’est en effet là le véritable problème. Selon les statistiques officielles, il y a cette année 3 millions d’enfants en âge scolaire qui ne fréquentent pas l’école. Les causes de cet absentéisme sont multiples: la pauvreté des familles et le rétablissement de la participation aux frais scolaires, l’insuffisance des infrastructures matérielles de l’Education nationale, la diminution incessante du corps enseignant (en 1990, à Hô Chi Minh-Ville, plus de 1 000 instituteurs ont démissionné).