politiques”. Et un écrivain catholique ajoute: “Les autorités ecclésiastiques au Bihar ont toujours soutenu le parti du statu quo, le Congrès (I), à cause de sa politique de non-ingérence et probablement de son plus grand respect pour la laïcité de l’Inde”.
Dans l’Etat du Madhya Pradesh, les chrétiens, aussi minoritaires que dans le Bihar, semblent bien léthargiques lorsqu’il s’agit de politique. Cet Etat est gouverné par le BJP qui y jouit d’un soutien très ferme de la part des organisations fondamentalistes hindoues, telles que le “Rashtriya Swayamsevak Sangh”, et le “Vishwa Hindu Parishad”. Les uns et les autres sont soupçonnés de faire pression sur l’administration pour qu’elle s’oppose au christianisme et à l’Eglise. Il y a plusieurs années, l’Etat du Madhya Pradesh a passé une loi interdisant la conversion d’une religion à une autre. Les chrétiens de l’Etat semblent pencher en faveur du Congrès (I).
Dans l’Etat voisin du Bengale, la propagande en faveur d’un Etat hindou ne semble pas avoir beaucoup de prise sur cette région dominée, depuis 14 ans, par des partis marxistes. Les chrétiens semblent perdus et indifférents. Les leaders de l’Eglise n’ont donné aucun mot d’ordre sur les choix politiques éventuels de la communauté chrétienne. Les personnalités chrétiennes engagées dans les élections se plaignent de ne pas jouir du soutien de la hiérarchie. M. Arun Biswas, secrétaire du nouveau Parti démocrate-chrétien (8) qui présente 20 candidats, n’est pas sûr d’avoir trouvé la faveur de ses coreligionnaires. Et M. Simon Tirkay, président de l’Association catholique du Bengale et de l’Association des aborigènes catholiques, ajoute: “Les électeurs chrétiens sont divisés même sur l’affaire de la Commission Mandal”.
A New Delhi, l’archevêque, Mgr Alan de Lastic, publiait, le 12 mai 1991, une série de directives demandant entre autres à ses diocésains de ne voter que pour un parti qui soutienne les dalits chrétiens et encourage le pluralisme culturel et religieux. “Le citoyen catholique, dit-il, est libre de voter pour tout candidat ou tout parti qui ne s’oppose pas à la doctrine sociale de l’Eglise”, et il insiste sur “le besoin d’une transformation profonde de la société indienne”. Il rappelle la tradition indienne de pluralisme racial, linguistique et culturel et affirme que toute tentative de détruire ce pluralisme mettrait en danger l’âme même de cette identité propre à l’Inde.
Dans l’Etat du Kerala, on se plaint de ce que la Conférence épiscopale nationale, par la voix de son président (9), invite les catholiques à voter selon leur conscience. Cette lettre, selon M. Sebastien Paul, un avocat catholique, complique les choses, car chaque parti l’interprète à son propre avantage. M. Namboodiripad, secrétaire général du Parti communiste maoïste, affirme: “Les évêques préparent le chemin à une coopération entre l’Eglise et les autres forces qui travaillent au bien de l’homme”. Mais de son côté, M. Karunakaran, leader du parti du Congrès, croit pouvoir affirmer: “Les catholiques vont certainement voter pour nous, comme la Conférence épiscopale le leur a ordonné”. Les 24 évêques catholiques du Kerala restent muets…