Eglises d'Asie

Un centre pour réfugiés en territoire vietnamien et sous contrôle international ?

Publié le 18/03/2010




Deux délégations, britannique et américaine, se sont réunies pendant deux jours à Washington. A l’issue de leurs conversations, le 5 juin 1991, elles ont annoncé leur accord sur un nouveau projet destiné à débloquer la question des réfugiés vietnamiens, aujourd’hui dans l’impasse. Il s’agit de « l’établissement, en territoire vietnamien, d’un centre sous contrôle international, dans lequel seraient envoyés les demandeurs d’asile à qui le statut de réfugié a été refusé et qui ne veulent pas profiter du programme de retour volontaire ». Le communiqué propose donc que soient entamées le plus tôt possible des négociations avec le Vietnam, portant sur la réalisation de ce projet.

Il faut noter cependant que, tout en exprimant son accord, le gouvernement des Etats-Unis laisse, en cette affaire, l’initiative à la Grande-Bretagne et à Hongkong; il ne renonce pas à son opposition à tout rapatriement forcé. « Dans le contexte du plan d’action global et de leur position vis-à-vis du rapatriement forcé, les Etats-Unis n’ont pas d’objection à ces discussions ».

La position vietnamienne sur ce sujet est pour l’instant mal connue. Une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, aussitôt après l’annonce du projet, a été fort peu explicite. Cependant, selon la presse de Hongkong (19), en septembre 1990, le ministre des Affaires étrangères, M. Nguyen Co Thach, aurait déjà évoqué la possibilité d’un centre pour réfugiés en territoire vietnamien, lors d’entretiens avec des diplomates américains. Par ailleurs, les journaux de Hongkong rapportent une interview du représentant des Affaires étrangères vietnamiennes à Hai Phong. Ce dernier aurait déclaré que la municipalité de Hai Phong avait été, voilà quelques mois, chargée par le gouvernement central de trouver un site pour le nouveau camp. Elle aurait choisi une des nombreuses îles situées au large de Hai Phong, l’île de « Cat Ba ».

Selon certains experts , ces îles seraient difficilement aménageables en camps de réfugiés. Les partisans de l’actuel projet – qui est en réalité une vieille idée en faveur dans divers milieux depuis plusieurs années – pensent davantage à des îles plus vastes, comme celle de Phu Quoc ou encore de Con Dao ( Poulo Condor). On peut se demander si ce projet ne cache pas chez certains des arrière-pensées politiques ou financières.

Des organisations humanitaires ont d’ores et déjà fait connaître leur désaccord avec cette nouvelle proposition. La commission « Justice et paix » de Hongkong a fait savoir que, pour elle, il s’agit d’une solution peu réaliste. La section « OXFAM » de Hongkong, elle aussi, pense que ce projet ne peut constituer une solution durable au problème des réfugiés vietnamiens. Pour ces deux organisations, seule l’amélioration des conditions économiques au Vietnam peut mettre un terme à l’exode des « boat-people ».