Eglises d'Asie

Après le 7ème Congrès du Parti communiste

Publié le 18/03/2010




Le 7ème Congrès du Parti communiste s’est achevé le 27 juin 1991. Il a été marqué par un remaniement très important du personnel dirigeant. Parmi les membres du bureau politique qui cèdent leur place à l’issue de ce congrès, trois ont joué un rôle significatif dans les rapports de l’Etat vietnamien avec l’Eglise catholique depuis 1986. Il s’agit du secrétaire général, M. Nguyên Van Linh, remplacé par M. Dô Muoi, de M. Nguyên Co Thach, ministre des affaires étrangères et de M. Mai Chi Tho, ministre de l’Intérieur.

Lorsque Nguyên Van Linh est arrivé au pouvoir en décembre 1986, il jouissait d’une réputation de libéral et l’on citait de lui un certain nombre de déclarations d’intention concernant les catholiques (16). Après son arrivée au pouvoir, la communauté chrétienne a, dans une certaine mesure, bénéficié du courant de libéralisation que le nouveau secrétaire a introduit au sein de la société civile. Mais, aux alentours du mois de mars 1990, la crise du communisme en Europe de l’Est a transformé le regard que Nguyen Van Linh portait sur la communauté catholique; depuis lors, elle a été considérée par lui comme un foyer possible d’opposition … Il est remplacé par M. Dô Muoi dont les idées en matière religieuse sont peu connues. Sa seule intervention notable en ce domaine est sa signature au bas du dernier décret réglementant les activités religieuses, décret qui est loin d’être libéral (17).

A son poste de ministre des Affaires étrangères, M. Nguyen Co Thach a été, ces dernières années, l’artisan de l’amélioration des relations entre le Saint-Siège

et les autorités vietnamiennes. C’est sans doute grâce à lui que des rapports ont pu se renouer après le conflit provoqué par la canonisation des martyrs du Vietnam en 1988 et que les visites du cardinal Etchegaray au Vietnam ont pu avoir lieu. Il avait même, au cours d’une visite officielle en Italie en mai 1990, engagé des contacts directs avec de hauts responsables de la secrétairerie d’Etat (18).

De ces trois personnages, c’est certainement M. Mai Chi Tho, ministre de l’Intérieur, qui a eu le plus d’influence sur les destinées de l’Eglise au Vietnam. Dans le Vietnam communiste, deux instances sont chargées de veiller au bon fonctionnement des Eglises et religions: le Bureau des Affaires religieuses dépendant directement du premier ministre et le ministère de l’Intérieur. M. Mai Chi Tho tenait à suivre personnellement certains dossiers, comme par exemple, le contrôle des activités des prêtres (ce qui incluait leurs interrogatoires et leurs procès). Il n’hésitait pas à s’exprimer sur le sujet religieux. Il l’a toujours fait avec une apparente franchise qui n’excluait pas, de temps en temps, un cynisme brutal. Il avait fait connaître récemment ses idées sur les rapports Eglise-Etat dans une conférence adressée, le 23 juin 1990, aux catholiques vietnamiens au premier rang desquels se trouvait Mgr Nguyen Minh Nhât, président de la Conférence épiscopale (19).