Eglises d'Asie

Contribution des évêques au 7ème Congrès: ne pas confondre patrie et socialisme

Publié le 18/03/2010




Malgré le caractère insolite d’une telle intervention, les évêques ont décidé de prendre part au débat général qui a précèdé le 7ème Congrès du Parti communiste vietnamien.

Depuis le début de l’année, deux documents, “la plate-forme politique” et le”projet de stratégie”, qui ont servi de base aux travaux du 7ème Congrès, avaient été soumis à la discussion de nombreuses couches de la population. Les interventions de certains intellectuels à propos de ces documents avaient été particulièrement remarquées. On n’avait pas entendu les catholiques qui représentent pourtant une part importante (plus

de 7 %) et très influente de la population. En fait, ces derniers se sont exprimés par l’intermédiaire de leurs évêques; au cours de leur réunion, à Hanoï du 6 au 15 avril 1991, ils ont composé une contribution (7) envoyée au secrétaire général du Parti le 14 avril 1991. Le Congrès du Parti s’est tenu du 24 au 27 juin 1991.

De la première partie qui aborde des questions générales, on retiendra surtout le souci

des évêques de trouver un objectif de développement qui soit plus large que le socialisme. Lors de l’annonce officielle de la date du Congrès par le douzième plenum (8), il a été précisé que le pays continuerait sur la voie du socialisme. Les évêques ne semblent point être de cet avis. Malgré la référence obligée aux idéaux du parti, les évêques expriment leur désir de ne pas assimiler patrie et socialisme comme ils furent souvent invités à le faire dans le passé. On se souvient peut-être des propos tenus autrefois aux catholiques par l’ancien premier ministre, Pham Van Dong, à l’occasion de la fondation du Comité d’Union des catholiques patriotes, en 1983: “Actuellement aimer sa patrie, c’est aimer le socialisme. (…) Ne pas comprendre cette vérité, c’est démontrer que l’on est ni bon vietnamien, ni bon catholique” (9).

Dans la deuxième partie, sans ignorer les nombreux autres problèmes qui se posent au Vietnam, les évêques abordent la question religieuse. On se rend compte alors que, sans le dire, ils se livrent à une critique tout à fait pertinente du nouveau décret réglementant les activités religieuses, déja signé à cette date, mais en principe, encore inconnu des évêques (10). En effet, ils ne pouvaient pas avoir encore entre les mains le texte même du décret qui ne leur a été remis officiellement qu’à la fin de la réunion de la Conférence épiscopale. Mais le projet leur était déjà connu (11), et certaines fuites en provenance du bureau des affaires religieuses leur ont permis d’être informés à l’avance du contenu du nouveau décret.