Eglises d'Asie

Eruption volcanique et interprétation des signes

Publié le 18/03/2010




Est-ce Dieu lui-même qui, du haut de la montagne dit aux Américains: “Yankee, go home

Devant ce troisième désastre naturel affectant les Philippines en moins d’un an, de nombreux habitants n’en doutent pas. Pour eux, c’est bien Dieu qui parle à travers l’éruption du Pinatubo. L’herméneutique marche à plein.

Mais les interprétations varient. Les tribus animistes qui habitent les montagnes de l’île de Luçon mettent le désastre sur le compte des esprits, en colère depuis que les savants essaient d’exploiter l’énergie géothermique de la région. D’autres pensent que Dieu veut punir le pays pour la prolifération actuelle des publications et films pornographiques. Mme Marcos voit dans cette éruption la confirmation, donnée par Dieu lui-même, de l’innocence de son défunt mari.

Quant à l’Eglise catholique, elle mobilise ses forces. C’est ainsi que Mgr Paciano Aniceto, évêque de Pampanga, à 17 km seulement du volcan, a, dès les premiers jours, ouvert son séminaire aux centaines de réfugiés qui se répandaient sur les routes. De son

côté, la NASSA, organisation sociale de la Conférence épiscopale, envoyait sur place une trentaine de travailleurs sociaux. Et Radio Veritas lançait, au nom du diocèse de Manille, un appel à la solidarité. Le cardinal Sin commentait: “Nous sommes dans la peine. Nous sommes blessés. Mais ne sommes-nous pas plus unis dans le chagrin que dans la joie?”

En même temps, les Philippins s’adonnent librement à l’humour noir devant l’évacuation, par les Américains, de leurs bases militaires situées à proximité du volcan. Ce que le gouvernement n’avait pu obtenir, disent-ils, a été imposé par le soudain réveil du Pinatubo. Les négociations entre les deux pays vont devoir être reprises à partir de nouvelles données. Pour demander une prolongation de leur présence aux Philippines, les Américains arguaient du temps qu’ils leur faudrait pour mettre un terme à leurs activités et rapatrier leurs compatriotes installés là-bas. Or, en très peu de jours, ils ont pu évacuer quelque vingt mille militaires et leurs familles, bon nombre d’entre eux ayant d’ailleurs laissé derrière les épouses philippines qui ne pouvaient produire de certificat de mariage. Les observateurs notent encore que, depuis l’éruption, les bases ont perdu beaucoup de leur valeur pour les américains.