Eglises d'Asie

VIIème Congrès : un nouveau point de vue en matière religieuse

Publié le 18/03/2010




“Eglises d’Asie” a déjà mentionné, à plusieurs reprises, l’important infléchissement qui, ces dernières années, a été apporté au point de vue officiel sur la religion. Au cours des années 87-88, les nouvelles idées avaient d’abord été développées par des membres très connus du Parti dans certains de leurs écrits (13); puis, elles s’étaient exprimées dans des interventions publiques, comme, par exemple, celle de M. Tran Bach Dang à l’occasion du 7ème plenum au mois de mars 1990 (14). Enfin, ce changement d’attitude vis-à-vis du phénomène religieux avait fait l’objet d’une communication officielle aux évêques, lors de la visite du cardinal Etchegaray au Vietnam au mois de novembre 1990 (15).

Le rapport politique qui vient d’être approuvé, le 27 juin 1991, au cours du 7ème Congrès du Parti communiste, entérine, semble-t-il, cette nouvelle façon d’envisager le sentiment religieux et le rôle des religions à l’intérieur de la société civile. A tous les congrès précédents, le rapport politique ne manquait jamais d’aborder la politique religieuse du Parti, mais généralement pour réaffirmer la liberté de croyance, pour inciter les fidèles de toutes religions à collaborer à l’édification du pays, et pour les mettre en garde contre l’utilisation de la religion à des fins réactionnaires.

Dans le dernier rapport, le ton a très sensiblement changé. On peut y relever d’abord une sorte de reconnaissance officielle du sentiment religieux comme donnée quasi permanente de la mentalité populaire: “Les croyances et les religions constituent le besoin spirituel d’une grande partie du peuple, besoin qui subsistera encore longtemps”. Le dépérissement de la religion est donc désormais reporté à une date ultérieure …

Comme cela avait déjà été officiellement signifié aux évêques lors du voyage du cardinal Etchegaray, l’accent est mis maintenant sur l’utilité sociale de la religion: “La morale religieuse contient de nombreux éléments particulièrement accordés à l’oeuvre d’édification d’une société nouvelle” (16), affirme le rapport politique. Par ailleurs, il demande aux cadres politiques et administratifs “d’abandonner toute étroitesse d’esprit, tout préjugé et toute discrimination à l’égard de nos compatriotes croyants”.

Il est indéniable que, dans le domaine religieux, le 7ème Congrès marque un tournant par rapport aux conceptions qui avaient cours il y a seulement 5 ou 6 ans et qui, d’ailleurs, restent diffusées dans l’enseignement secondaire (17).

Toutefois le rapport politique garde encore les traces de l’inspiration qui prévalait autrefois. C’est d’elle qu’émane, par exemple, le passage où “sont interdites toutes les activités qui portent tort à la liberté de croyance ou qui utilisent la religion pour saboter l’indépendance nationale, s’opposer au socialisme, empêcher les fidèles d’accomplir leurs devoirs civiques

Au lendemain du 7ème congrès du Parti, on peut se demander quelle est l’inspiration

qui triomphera dans la pratique future. Pour le moment, on peut seulement affirmer que, dans le cas du nouveau décret réglementant les activités religieuses (18), c’est encore la tendance la plus rétrograde qui se manifeste.