Quatre d’entre eux, les pères Tran Ba Lôc, Nguyên Khac Nghiêu, Nguyên Thai San, Vu Duc Tuân, anciens aumôniers militaires, ont été arrêtés dès 1975 et amenés ensuite au Nord-Vietnam. Ils sont actuellement détenus dans le camp de rééducation de Nhu Xuân, situé dans la province de Thanh Hoa. Des quelque cent aumôniers militaires détenus dans les années 1980, ces quatre prêtres sont, sans doute, les derniers encore en camp de rééducation. On ne connaît pas les motifs qui ont conduit les autorités à prolonger leur temps de détention, aucun d’entre eux n’ayant jamais été jugé.
Les deux autres prêtres de la liste d'”Amnesty” ont été jetés en prison à la suite de procès publics. Il s’agit du P. Joseph Lê Thanh Quê et du P. Thadeus Nguyên Van Ly. Le premier d’entre eux, jésuite, avait été le principal accusé d’un groupe de 13 prêtres et laïcs vietnamiens, arrêtés à la fin de 1980 et au début de l’année 1981, et jugés le 30 juin 1983 au cours d’un procès que l’on avait appelé le “Procès des pères jésuites du Centre Alexandre Rhodes”. Ils étaient tous accusés de “tentative de renversement du pouvoir légitime et de propagande contrerévolutionnaireAucun des faits rapportés au procès où avaient été invités des représentants de toutes les communautés catholiques de Hô Chi Minh-Ville, n’avaient fourni le moindre commencement de preuve de cette accusation (24). Le P. Quê avait été condamné à 15 ans de prison. Il se trouve actuellement au camp de Xuyên Phuoc, dans la province de Phu Khanh et souffre, semble-t-il, de troubles d’ordre psychologique. Il est le dernier des accusés du procès encore en détention. Son confrère, le P. Nguyen Cong Doan, provincial pour la région du Vietnam, avait été libéré en février 1990 (25). Le P. Nguyen Van Ly, du diocèse de Huê, est détenu dans un camp de la province de Ha Nam Ninh. En 1982, pour avoir organisé illégalement un pèlerinage à N.D. de La Vang, il avait reçu des autorités civiles l’ordre de quitter sa paroisse. Il refusait alors d’obtempérer et, à l’aide d’un haut-parleur, lisait à l’intention des forces de sécurité venus l’arrêter, une déclaration où il proclamait son innocence et réclamait la liberté de culte pour l’Eglise catholique. Il avait été jugé en décembre 1983 et condamné à 10 années de détention (26).
Les 6 prêtres cités dans cette liste sont loin d’être les seuls ecclésiastiques catholiques en prison. Parmi les derniers à avoir été emprisonnés, il faut citer le Père Tran Dinh Thu et ses confrères de la Congrégation de Marie co-rédemptrice, jugés et condamnés en 1987, ainsi que les 11 catholiques, prêtres et laïcs, du diocèse de My Tho, condamnés à
diverses peines de prison les 15 et 16 août 1990 à Hô Chi Minh-Ville (27).