L’initiative du rapprochement, prise dès 1952, est à mettre au crédit de l’Eglise de Mar
Thoma du Kerala, de rite syrien (7). Née en 1875, cette Eglise de Mar Thoma ou Eglise syrienne réformée, est l’héritière d’une Eglise séparée de Rome depuis 1653. Rejetée par les Portugais parce que non latine, elle passait ensuite au monophysisme en faisant allégeance aux jacobites d’Antioche. De cette Eglise mère sont nées au cours des siècles, différentes branches, toutes se réclamant de l’apôtre saint Thomas.
Les deux autres Eglises impliquées dans les négociations sont deux importantes fédérations protestantes: l’Eglise de l’Inde du Sud depuis 1947 et l’Eglise de l’Inde du Nord depuis 1970, rassemblent plusieurs “dénominations” (8). Celle du Sud couvre l’Inde dravidienne et le Sri Lanka; celle du Nord s’étend sur tout le reste de l’Etat indien.
Pendant près de 25 ans, à une époque où l’oecuménisme avait le vent en poupe, les trois Eglises progressèrent régulièrement dans leur recherche d’unité. En 1976 cependant apparurent les premières difficultés: les marthomites commençaient à se poser des questions concernant l’avenir de leur patrimoine – propriétés, institutions, organisation intérieure – dans le cadre éventuel d’une structure élargie. En 1978 pourtant, l’Eglise de Mar Thoma se déclara de nouveau prête à négocier, et un Conseil conjoint fut alors chargé de définir les modalités de l’unification. On en était arrivé à un consensus sur le donné de la foi et les Ecritures, à la pratique de l’intercommunion, et à des échanges de prêtres pour des cérémonies occasionnelles. La réunion commune du Conseil tripartite aurait dû, en 1990, mettre la dernière main à la rédaction d’un accord définitif d’union entre les trois communautés.
Mais, entre temps, les deux Eglises protestantes se sont prononcées en faveur de l’ordination des femmes. L’Eglise de Mar Thoma se refuse à les suivre dans cette initiative. L’élan vers l’unité semble donc aujourd’hui brisé: l’assemblée conjointe de 1991, qui s’est tenue à Delhi au cours du mois de juillet, a eu des résultats décevants. Elle n’a duré que deux jours; l’Eglise du Sud de l’Inde n’y avait envoyé que 10 délégués, soit le tiers de sa représentation normale.
Un synode de l’Eglise marthomite a réexaminé ensuite les conditions de la poursuite d’un dialogue. Le Conseil conjoint pourrait continuer à exister comme forum d’échanges en vue d’actions communes, mais on n’envisage plus, semble-t-il, d’unité organique entre les trois Eglises.