Eglises d'Asie

Déclin du pouvoir des dirigeants religieux musulmans ?

Publié le 18/03/2010




L’influence traditionnelle des dirigeants religieux musulmans est en déclin: c’est ce qu’affirment deux universitaires musulmans. L’un d’eux, M. Usman, professeur de sociologie à l’université d’Etat de Yogyakarta, ajoute que c’est là la conséquence de la position dominante des représentants du gouvernement dans le processus de développement rural.

Ces changements dans les structures de pouvoir des communautés rurales pourraient d’ailleurs créer de graves problèmes, disent-ils. Les deux universitaires s’adressaient à une assemblée de sociologues musulmans du sud-est asiatique réunis à Lembang du 21 au 24 août 1991. Le thème choisi pour cette réunion était le rôle des dirigeants religieux dans le processus de développement rural.

Se fondant sur ses recherches à Java, M. Usman distingue trois types d’élites rurales: les chefs de village qui sont aussi les représentants du gouvernement, les leaders religieux, et les personnes qui jouissent d’un statut social élevé, du fait de leur naissance aristocratique ou de leur aisance financière. En fait, dit-il, la pratique politique gouvernementale fait du chef de village la figure centrale de la communauté, et c’est par lui que passent tous les programmes de développement.

Le docteur Bambang Pranowo, quant à lui, estime que l’arrivée des partis politiques dans les communautés rurales de Java, avant 1965, avait donné naissance à deux groupes en opposition: dans le premier, on pouvait ranger ceux qui étaient sous l’influence des dirigeants religieux islamiques; dans le deuxième, ceux qui suivaient plutôt le “kejawen” ou religion traditionnelle. Il estime qu’aujourd’hui ces distinctions n’existent plus.

Depuis qu’un consensus national existe autour du “Pancasila” comme idéologie officielle, les anciennes classifications entre “religieux” et “séculier” ont perdu de leur importance dans les communautés rurales, déclare encore M. Pranowo.