L’introduction du projet au parlement a obtenu l’approbation de toutes les minorités religieuses du pays ainsi que celle de la plupart des partis politiques. Les leaders musulmans, qui représentent la plus forte de ces minorités (110 millions), ont déclaré que le projet de loi était « un pas dans la bonne directionon éviterait ainsi les conflits interreligieux et intercommunautaires fomentés par ceux qui contestent la présence d’autres groupes religieux sur certains sites, au nom d’une histoire datant souvent de plusieurs siècles.
Seuls les fondamentalistes hindous du Bharatiya Janata Party, aujourd’hui deuxième force politique du pays, s’opposent violemment au projet de loi. L’un de leurs députés, M. B.L. Sharma, a déclaré: « Si la date du statu quo est fixée à l’année 712 de notre ère (8), alors il n’y aura aucun conflit interreligieux… Je peux prouver que, dans le passé, l’honneur des hindous a été sali par les Arabes et les rois musulmans… » Les fondamentalistes hindous prétendent en effet que 3 000 mosquées ont été construites, dans les temps anciens, sur des sites religieux hindous. Ils réclament donc la destruction de ces mosquées. Avec la nouvelle loi, leur exigence deviendra impossible à satisfaire.
Ce projet de loi sur les lieux de culte s’explique par les événements d’Ayodhya en 1990 (9). Plusieurs milliers de fondamentalistes hindous avaient alors marché sur une mosquée bâtie sur ce qu’ils prétendent être le lieu de naissance du dieu Ram. Ils voulaient rendre le site au culte hindou. L’incident avait causé la mort de plusieurs dizaines de personnes.