Déjà en 1985, avec d’autres missionnaires, ils avaient été l’objet d’une décision d’expulsion (6). A l’époque, ils avaient fait appel devant la Cour suprême, qui leur avait, en 1987, reconnu le droit de rester en Inde. D’avoir obtenu gain de cause auprès d’une instance nationale n’avait pas facilité leurs relations avec les autorités régionales. Celles-ci justifient aujourd’hui leurs mesures par les mêmes accusations – fort peu vraisemblables – de prosélytisme abusif. On peut se demander notamment pourquoi les trois bannis n’ont pas été appelés à comparaître devant les tribunaux, qui disposent en cet Etat, depuis 1968, d’une législation spécifique punissant de deux ans de prison toute personne coupable de “tentative de conversion par la force, imposture ou tromperie”. Le P. de Raedt est bibliothécaire dans un établissement catholique d’éducation, et les Getter dirigent une école de leur Eglise, fondée par une société pour le développement des populations tribales, et spécialisée dans l’enseignement agricole et médical.
En fait, leur “erreur” est de s’être, de tout temps, occupés principalement des tribus du Chotanagpur, christianisées de longue date, de s’y être intégrés et de parler leurs dialectes. C’est ce que suggère Mme Indira Iyengar, présidente de l’Association chrétienne du Madhya Pradesh: “Les missionnaires sont à l’abri aussi longtemps qu’ils font marcher des écoles pour l’élite urbaine. Ils ne sont inquiétés que lorsqu’ils commencent à travailler au milieu des pauvres!”