Les villageois se plaignent d’être délaissés, même au point de vue religieux. Leur mosquée tombe en ruines: des travaux y avaient été commencés, puis interrompus, par le Conseil missionnaire islamique; des dirigeants du Muhammadiyah promirent alors d’intervenir et de faire entreprendre en même temps des travaux d’adduction d’eau. Aucune de ces deux promesses ne fut tenue.
C’est alors qu’entre en jeu la fondation diocésaine “Stella Maris”, qui mène à bien le projet d’un canal adducteur, et construit école primaire et dispensaire, avec même une salle pouvant servir de lieu de prière. Devant la célérité de la réalisation, le chef du village propose à la fondation de parachever son oeuvre par la construction d’une route et l’agrandissement du dispensaire qui deviendrait clinique. Mais les gens du Muhammadiyah s’interposent, accusant l’Eglise catholique d’Ujung Pandang de vouloir “s’acheter des fidèles”. Ils reprochent aussi aux notables du lieu de se laisser christianiser.
Etudiant à l’Institut des Sciences économiques du chef-lieu, Ahmad Mamang, jeune catholique de 26 ans, originaire de Florès, a vécu toute l’histoire durant son stage à Mangottong, où il accomplissait son service social, obligatoire pour les élèves de l’université. Il conteste le bien-fondé des assertions des leaders musulmans du district:
“Tout cela est faux”, dit-il, l’action des catholiques n’a pas entraîné, comme on veut le faire croire, “l’adhésion de nombreux musulmans à la foi catholique”. Ce sont là
des rumeurs inventées de toutes pièces pour déstabiliser l’Eglise. “Celle-ci, précise-t-il, à ma connaissance, n’a fait que s’adonner à sa mission d’assistance à ceux qui n’ont pas les moyens de s’en tirer par eux-mêmes”. Et il ajoute, en conclusion, qu’après tout, “si un musulman se tourne vers le catholicisme, c’est pour lui affaire de foi, qui relève d’un droit inaliénable”.