Depuis l’assassinat, sur son territoire, du premier ministre Rajiv Gandhi probablement par des “Tigres” venus du Sri Lanka, le gouvernement de Madras a pris, vis-à-vis des réfugiés de ce pays, des dispositions beaucoup moins conciliantes que celles qu’il manifestait auparavant. Tous les réfugiés sont maintenant suspects: “le gouvernement considère que nous sommes tous des militants”, déclare l’un d’eux, qui constate que, dans la population même, “le sentiment à l’égard des réfugiés tourne à la haine”. La plupart des gens ne font pas non plus de distinction entre militants et terroristes. Pour le Tamoul moyen, les choses sont simples: l’Etat était tranquille, puis les réfugiés sont arrivés, et ont semé la violence avec leurs armes et leurs bombes; pour restaurer la paix, les autorités doivent s’en débarrasser.
C’est un peu, semble-t-il, ce que Mme Jayalalitha Jayaram, premier ministre du Tamil Nadu, voudrait faire. Déjà dans les premiers jours de septembre, son gouvernement avait interdit deux réunions organisées, à Madurai et Kanchipuram, par des mouvements regroupant des réfugiés srilankais. Même scénario le 13 septembre à Madras, suivi de 62 arrestations, dont celle de M. P.V. Bakthavachalam, dirigeant d’une “Organisation pour les droits civiques et démocratiques”. Quelques heures plus tôt, à la Chambre, Mme Jayaram avait déclaré que cette “organisation” préparait un attentat contre elle. M. Bakthavachalam, accusé d’incitation à la révolte, a été maintenu en détention. Son avocat, M. Sriram Panchu, affirme pourtant que son client devrait pouvoir s’exprimer publiquement sur la politique gouvernementale s’il la juge irréaliste. Sinon, la liberté d’expression au Tamil Nadu serait en danger.
Deux jours plus tard, un autre meeting à Madurai était frappé d’interdiction, et la police opérait 31 arrestations de membres d’un “Front révolutionnaire de la jeunesse”, auquel on reproche ses liens avec les “Tigres” et son attitude anti-indienne.